Procès Mahé : jusqu'à 5 ans de prison requis contre des militaires

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Cinq ans de prison ferme à six mois avec sursis. Ce sont les réquisitions à l'encontre des quatre anciens militaires français jugés par la cour d'assises de Paris pour le meurtre en 2005 de l'Ivoirien Firmin Mahé.
L'avocate générale, Annie Grenier, a demandé 5 ans ferme contre le colonel Eric Burgaud qui a transmis l'ordre de tuer Mahé, 5 ans dont 3 ferme contre l'adjudant-chef Guy Raugel qui l'a étouffé avec un sac plastique, 2 à 3 ans avec sursis contre le brigadier-chef Johannes Schnier qui le maintenait, et 6 mois avec sursis contre le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule blindé où se sont déroulés les faits.
Pour elle, il s'agit d'un « meurtre commis de sang-froid par des militaires » qui étaient « là pour protéger les populations ». Elle a souligné la « responsabilité extrêmement lourde de la hiérarchie », tout en rappelant que « le devoir d'un militaire, c'est de refuser d'exécuter un ordre illégal ».
Considéré par un bandit par les militaires
Mahé, 29 ans, était considéré par les militaires français comme un « coupeur de route », un bandit terrorisant les populations dans la « zone de confiance » qu'ils étaient chargés de surveiller, dans un pays coupé en deux par une guerre civile.
Les accusés appartenaient à la force Licorne, déployée en soutien de l'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
La famille de la victime, dont trois membres sont venus au procès en tant que partie civile, affirme qu'il n'était pas un criminel.
Les débats, entamés le 27 novembre, n'ont pas permis de trancher ce point, mais l'avocate générale elle-même s'est rangée à ce propos du côté des militaires. « Je pense effectivement que c'était un individu dangereux, un criminel », a déclaré Annie Grenier dans son réquisitoire.
Les plaidoiries de la défense sont prévues jeudi après-midi, le verdict est attendu vendredi.