Procès du Cuba Libre: 5 ans de prison, dont trois ferme, pour les deux gérants

L'incendie du Cuba Libre s'est déclenché dans la nuit du 5 au 6 août 2016. - Charly Triballeau - AFP
Trois ans après l'incendie, le jugement. Le tribunal correctionnel de Rouen, en Seine-Maritime, a condamné ce mardi les deux gérants du bar le Cuba Libre à cinq ans d'emprisonnement, dont trois ferme.
Les deux prévenus "ont violé plusieurs obligations de prudence ou de sécurité imposées par la loi et le règlement. Ces violations sont à l'origine de l'incendie qui est la cause directe et certaine" des décès, a indiqué la présidente du tribunal.
Le parquet avait requis quatre ans de prison à l'encontre des deux frères de 40 et 48 ans, cogérants de l'établissement, jugés pour "avoir involontairement causé la mort" de 14 personnes, asphyxiées dans cet incendie, et avoir involontairement blessé cinq autres grièvement.
Le parquet avait estimé que ce bar n'était "qu'une somme de manquements en matière de sécurité". Le procureur de Rouen Pascal Prache avait évoqué un "drame épouvantable" et relevé "10 manquements à la sécurité" commis par les deux frères.
Un sous-sol aménagé sans autorisation
Dans la nuit du 5 au 6 août 2016, un incendie s'était déclaré dans ce bar où les victimes fêtaient les 20 ans d'une jeune femme.
Dans le sous-sol de l'établissement, aménagé sans autorisation en boîte de nuit, deux bougies du gâteau d'anniversaire, des fontaines à étincelles, enflammaient le plafond de l'escalier. Certains participants parvenaient à s'échapper mais l'incendie provoquait la panique dans le sous-sol de 24,4 m² où l'unique issue de secours était verrouillée.
Lors du procès, en septembre, trois jeunes survivants sont venus raconter l'horreur vécue la nuit du drame.
"Une souricière", selon les pompiers intervenus
Les pompiers intervenus sur l'incendie ont aussi raconté comment le bar était devenu "un piège", "une souricière" pour les victimes dont la plupart avaient entre 18 et 25 ans.
Pour le procureur, les deux frères avaient "essayé de se faufiler entre les dispositions réglementaires selon le principe du 'pas vu, pas pris'".
Nacer, l'aîné des frères Boutrif et gérant principal du bar avait admis devant le tribunal des manquements aux règles, après avoir racheté l'établissement en 2003. Il avait ainsi reconnu ne pas avoir entrepris de démarches auprès de la mairie avant d'aménager le sous-sol du Cuba Libre.