Procès de Nordahl Lelandais: les conclusions des légistes "peu compatibles" avec la version de l'accusé

Jeudi, la cour d'assises de Savoie a tenté de lever le voile sur les circonstances du décès du caporal Arthur Noyer, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017. Selon l'accusé, Nordahl Lelandais, c'est une dispute entre les deux hommes, ponctuée de coups violents, qui a conduit à la mort accidentelle de la victime de 23 ans. Une version à laquelle l'accusation refuse de croire, persuadée qu'il s'agit d'un homicide volontaire.
Quel récit retiendra le tribunal? Après l'audition des témoins qui a duré plusieurs jours, la cour a diffusé la vidéo de la reconstitution des faits, réalisée le 21 mars 2019, afin de se forger une opinion.
Dans quatre courtes vidéos, Nordahl Lelandais, regard hagard, barbe fournie et charlotte de cuisine sur la tête, donne quelques violents coups de poing au niveau de la tête à un mannequin tenu par les gendarmes.
Une version "peu compatible" avec les faits
Ces coups sont "compatibles" avec l'étude des restes du caporal, et notamment de son crâne qui laisse apparaître des fractures "peri-mortem" - qui ont eu lieu soit juste avant ou juste après la mort - au niveau du nez et de la mâchoire gauche, a expliqué depuis Cayenne l'un des trois médecins légistes ayant travaillé sur l'affaire.
L'un des experts a ajouté que, dans l'hypothèse de la rixe soutenue par Lelandais, un décès par un traumatisme du rachis cervical - au niveau du cou - est la solution la plus probable. Mais, pour cet expert, l'état d'ébriété d'Arthur Noyer, tel qu'attesté par les caméras de vidéo-surveillance, rend cependant "peu compatibles" - mais pas impossibles - les coups qu'il aurait portés contre Nordahl Lelandais, qui assure avoir été frappé à deux reprises. Il estime également que, dans cet état d'ébriété, le maintien debout de la victime est "peu compatible" avec les coups portés par Nordahl Lelandais.
Lelandais interrogé ce vendredi
Brièvement interrogé mercredi, l'accusé est toutefois resté sur sa version d'une rixe ayant mal tourné, déjà mise à mal à plusieurs reprises. Il maintient ce récit depuis que les policiers lui ont apporté la preuve, au cours de l'instruction, qu'il avait bien pris en stop Arthur Noyer le soir de sa disparition.
Ce vendredi, Nordahl Lelandais va à nouveau être questionné par la cour d'assises. Reste à savoir si une autre version éclora ou non de cet interrogatoire.