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Police-Justice

Procès de l'hôtel Paris Opéra: une rescapée se souvient

24 presonnes dont 11 enfants avaient trouvé la mort dans l'incendie de l'hôtel Paris Opéra, le 15 avril 2005.

24 presonnes dont 11 enfants avaient trouvé la mort dans l'incendie de l'hôtel Paris Opéra, le 15 avril 2005. - -

Fatma se trouvait dans l'hôtel Paris Opéra avec ses deux enfants au moment du drame en 2005. Tous les trois ont été sauvés par les pompiers, mais le souvenir de ce drame reste très prégnant. Le procès s'ouvre jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.

"Un pompier a pu attraper les pieds de ma fille et ensuite les miens. Mon fils a été jeté du deuxième étage dans les bras de trois hommes qui l'ont pris", explique Fatma, rescapée de l'incendie de l'hôtel Paris Opéra où 24 personnes, dont 11 enfants, ont perdu la vie au soir du 15 avril 2005. Elle estime avec le recul avoir eu beaucoup de chance avec ses deux enfants de 5 et 1 an.

Dans le procès qui s'ouvre ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris, quatre personnes sont poursuivies pour homicides et blessures involontaires. Mais ni les pouvoirs publics, ni les acteurs sociaux, n'ont comme l'auraient souhaité les victimes, été convoqués. La plupart des 22 familles hébergées dans l'hôtel y avaient été envoyées par le Samu social, via des associations.

Le veilleur avait consommé alcool et cocaïne

Un incendie déclenché par une dispute entre le veilleur de nuit, par ailleurs fils des gérants, et sa compagne de l'époque, avait été à l'origine de ce drame. Cette dernière avait jeté des vêtements à terre dans la salle à manger où un couchage improvisé avait été installé par le couple, avant de prendre la porte. Mais des bougies disposées au sol avaient mis le feu aux vêtements et aux draps et couettes.

Le veilleur de nuit sous l'emprise de l'alcool et de la cocaïne au moment des faits se voit quant à lui reprocher son comportement et notamment le fait d'avoir tardé à appeler les secours finalement prévenus par un l'employé d'un hôtel voisin. Lui-même grièvement blessé par l'incendie, il avait tenté en vain, d'éteindre les flammes par ses propres moyens, avec un extincteur.

Hôtel surpeuplé et personnel non-formé

L'hôtel était par ailleurs en sur-occupation, avec 77 personnes présentes pour une capacité d'accueil fixée à 62. Et le veilleur de nuit n'avait pas la formation anti-incendie obligatoire.

Fatma, brûlée au troisième degré et dont la mémoire de ce drame reste des années après, encore très prégnante, veut faire passer ce simple message: " Je ne veux plus que l'on mette des gens dans les hôtels. Les hôtels, c'est pour les vacances, pas pour vivre".

Les gérants algériens sont eux "terrifiés" à l'idée du procès, qu'ils ne comprennent pas, explique leur défenseur, Romain Boulet. Pour l'avocat, le sureffectif "n'est pas une cause constitutive du déclenchement de l'incendie", ils ignoraient que leur fils dormait dans une salle non prévue pour cela, quant à l'absence de formation, "vu l'état dans lequel était le fils, ça n'aurait pas changé grand-chose".

Les victimes, tout en se réjouissant du procès, regrettent que les services de l'Etat puissent "échapper à une explication", selon Aomar Ikhlef, vice-président de leur association.

Le procès est prévu jusqu'au 22 novembre. Le fils et son ex-petite amie encourent trois ans prison, les gérants cinq, avec la circonstance aggravante de manquement délibéré aux règlements.

D. N. avec AFP et Julie Guillot et Francois Pitrel