PORTRAIT - Double meurtre de Montigny: qui est Henri Leclaire?

Henri Leclaire (deuxième à droite), cité comme témoin au procès Heaulme, à son arrivée au palais de justice de Metz le 1er avril dernier. - -
Mis en examen ce mardi, Henri Leclaire est en vingt-huit ans le troisième homme a être mis en cause dans le double meurtre d'enfants de Montigny-lès-Metz. Dans ce feuilleton judiciaire, un innocent, Patrick Dils, a d'abord été condamné puis blanchi après 15 ans de prison, et le tueur en série Francis Heaulme a été renvoyé devant les assises et est toujours mis en examen.
Qui est Henri Leclaire? Un sexagénaire "un peu fruste" et solitaire, selon son avocat. "Un drôle de type avec un caractère spécial", pour la grand-mère d'une des victimes. Un homme petit, trapu et rond, au menton volontaire et au visage fermé, qui souhaitait, fin mars, dans les colonnes du Républicain lorrain qu'on le "laisse tranquille". Peine perdue.
Son nom et les soupçons qui pèsent sur lui ne sont, en effet, pas nouveau dans le dossier. Henri Leclaire a été le premier à avouer les meurtres de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, les deux garçons de 8 ans retrouvés morts sur un talus le crâne fracassé à coups de pierre. Il a avoué à deux reprises, deux mois après le crime, avant de se retracter.
Irrité par les bêtises des enfants
Henri Leclaire était alors âgé de 38 ans. Il habitait Montigny-lès-Metz, seul, comme aujourd'hui. Il travaillait comme manutentionnaire aux entreprises "Le Lorrain", à proximité immédiate du talus SNCF où les corps de deux enfants ont été retrouvés.
Chez "Le Lorrain", il était notamment chargé de vider les poubelles. Selon des témoignages de proches et de voisins, une chose l'irritait: les enfants qui venaient chercher du papier dans les bennes pour s'amuser. Lui-même le reconnaît aujourd'hui. Car "quand les papiers traînaient, c'est moi qui me faisait engueuler", expliquait-il en mars au procès de Francis Heaulme, où il était entendu comme témoin.
Ainsi, il avait pris l'habitude d'effectuer des rondes pour surveiller le périmètre. Le jour du double meurtre, Ginette Beckrich, la grand-mère du petit Alexandre, indique l'avoir vu depuis sa fenêtre juché sur sa Vespa le long de la voie ferrée.
"Hyper-énervé" après le drame
Dès 1986, c'est cette femme qui a mis les enquêteurs sur la piste Henri Leclaire. Mais pas pour cette raison. Deux mois après le meurtre, elle avait été choquée par sa réaction alors qu'elle faisait part de la nouvelle au père du manutentionnaire. En juillet 2004, elle indiquait au journaliste Emmanuel Charlot, auteur de L'Affaire Dils-Heaulme (Flammarion), qu'Henri Leclaire s'était "hyper-énervé".
Cette nervosité ressemble à celle qu'a décrit Marie-Christine Blindauer, le témoin qui a fait basculer le procès de Francis Heaulme et a poussé la cour d'assises de Metz à renvoyer le procès du tueur en série pour explorer la piste Leclaire. Cette clerc d'avocat a affirmé avoir recueilli le témoignage d'Henri Leclaire il y a environ un an et demi, alors que cet homme venait lui livrer des courses.
Dans sa cuisine, l'homme serait venu aux confidences: "je m'en suis pris aux gamins" et "ils ont compris à qui ils avaient affaire". A la barre, le témoin a reproduit les gestes que Leclaire mimait lui-même, agitant les poings près du visage comme si elle secouait quelqu'un. Pour elle, en parlant, il "revivait la scène".
Il nie connaître Francis Heaulme
Elle affirme néanmoins qu'Henri Leclaire ne lui a jamais confessé "avoir tué les enfants". Et, selon elle, "il n'a jamais cité le nom de Francis Heaulme", toujours mis en examen dans cette affaire. Un homme que l'ancien manutentionnaire, aujourd'hui âgé de 65 ans, a toujours nié connaître.
Le tueur en série, qui habitait alors chez sa grand-mère dans un village voisin de Montigny, incrimine de son côté Henri Leclaire, qu'il dit avoir vu dévaler le talus les vêtements tâché de sang.