Philippe Val: "il faut vaincre la partie de nous qui a peur"

Philippe Val, qui a dirigé Charlie Hebdo pendant dix-sept ans , était l'invité de BFMTV et RMC ce jeudi matin.  Pour lui, il faut désormais être "solidaire, si on est ensemble, on n’aura pas peur".

"J'ai perdu tous mes amis", a témoigné, jeudi, Philippe Val, ex-patron de Charlie Hebdo, au sujet des victimes de l'attentat qui a visé l'hebdo, mercredi à Paris, parmi lesquelles figurent notamment les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski et Tignous.

"C’est une vie. Avec Cabu, nous étions amis depuis 40 ans. Il était un génie du dessin. On n’aurait jamais monté ce journal sans Cabu", a encore raconté Philippe Val, sur BFMTV et RMC. "Il était un trésor national".

"Le silence nous menace"

Maintenant, "il faut vaincre la partie de nous qui a peur. Sinon, on perd notre humanité", a-t-il ajouté parce que "ce qui nous menace, c'est le silence".

"Nous, vous, les gens qui font ce métier de journalistes, nous héritons de cette responsabilité-là, de dire les choses". "Il faut que l'on soit solidaire, si on est ensemble, on n’aura pas peur", a-t-il exhorté.

"Il fallait publier les caricatures"

Regrette-t-il d’avoir publié les caricatures de Mahomet? "Je n’ai pas hésité une seconde. J’ai demandé à tout le monde, les standardistes, les gens de la comptabilité, parce que cela engageait le journal. Tous ont dit oui. Ils ont dit on y va. Et il fallait le faire. Ne pas le faire, aurait été faire injure à la communauté musulmane", a répondu Philippe Val.

En février 2006, au nom de la liberté de la presse, l'hebdomadaire, comme plusieurs journaux européens, avait repris 12 caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten. Ces dessins avaient suscité des manifestations violentes dans le monde musulman et Charlie Hebdo était depuis l'objet de menaces récurrentes des islamistes.

Hélène Favier