Pédocriminalité: 55 hommes interpellés en France pour leurs activités sur la messagerie Telegram

Photo d'illustration de l'application Telegram - Kirill KUDRYAVTSEV / AFP
Le fruit de dix mois d'enquête. Cinquante-cinq hommes ont été interpellés en France entre lundi et ce jeudi 22 mai dans le cadre d'une vaste opération de démantèlement d'un réseau de pédocriminalité officiant via la messagerie cryptée Telegram, a appris BFMTV de l'Office des mineurs (Ofmin) confirmant une information de RTL.
Les mis en cause, âgés de 25 à 75 ans, parmi lesquels un prêtre, un grand-père, un ambulancier, "de bons pères de famille", un professeur de musique ou des célibataires, échangeaient sur la messagerie Telegram et étaient en lien avec des pédocriminels "extrêmement dangereux", incarcérés depuis l'été dernier, a expliqué à l'AFP le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel de l'Ofmin.
Les interpellations ont eu lieu dans 42 départements, a minima pour détention, diffusion et consultation habituelle de contenus pédopornographiques concernant des enfants de "moins de dix ans". 42 parquets sont concernés, le dossier n'ayant pas été centralisé à ce stade.
Telegram, "la plateforme privilégiée des pédocriminels"
Cette vaste opération a eu comme point de départ l'arrestation l'été dernier par les policiers de l'Ofmin de pédocriminels qui abusaient d'enfants et mettaient en ligne leurs méfaits sur Telegram.
Les agents ont ciblé ces 55 personnes avec 3 critères: ceux qui ont déjà des antécédents, ceux qui sont pères ou grand-pères et qui ont exprimé leur volonté de passer à l'acte, ceux qui exercent des métiers sensibles avec des enfants dans leur environnement.
"J'ai été interpellé en effet mais je ne fais pas partie du réseau du tout", se défend une personne interpellée à BFMTV, avouant "avoir consommé à une époque des photos."
"J'ai discuté avec quelqu'un et manque de chance, cette personne a été interpellée", précise-t-il à notre antenne.
"Derrière ces abuseurs avérés d'enfants, il a fallu dix mois d'enquête pour parvenir à ce coup de filet. Dix mois d'infiltration de milliers d'échanges, d'analyse et de détection d'images pédos par une task force montée à l'Ofmin", a poursuivi auprès de l'AFP le commissaire.
Pour Quentin Bevan, "Telegram reste toujours la plateforme privilégiée des pédocriminels". S'il reconnaît des progrès dans la coopération de la plateforme avec les enquêteurs depuis l'interpellation en août dernier au Bourget de son patron, Pavel Durov, il considère que Telegram remplit "à peine le minimum de ses obligations légales" dans ce domaine.
Joint par BFMTV, Telegram affirme lutter contre la pédocriminalité "de plusieurs manières", notamment via "des bannissements basés sur l’empreinte numérique d’un contenu" ou grâce à des "équipes de modération dédiées, des lignes d'assistance téléphonique pour les ONG et des rapports de transparence quotidiens sur les contenus bannis qui peuvent tous être vérifiés."
Selon les informations de BFMTV, à cette heure, les suspects sont soit déjà déférés, soit passés en comparution immédiate, soit en cours de déferrement.