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Police-Justice

"Orchestré par les services de renseignement russes": quatre Bulgares jugés à l'automne pour des tags sur le Mémorial de la Shoah

Un employé nettoie des tags de "mains rouges" sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris, le 14 mai 2024.

Un employé nettoie des tags de "mains rouges" sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris, le 14 mai 2024. - Antonin UTZ © 2019 AFP

En mai dernier, des mains rouges avaient été peintes sur le Mémorial de la Shoah. Selon le parquet, il pourrait s'agir d'une "action de déstabilisation de la France orchestrée par les services de renseignement russes".

Quatre hommes de nationalité bulgare seront jugés à l'automne par le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire des "mains rouges" taguées sur le Mémorial de la Shoah en mai 2024, a indiqué ce samedi 26 juillet le parquet, confirmant une information de France info.

Trois d'entre eux sont en détention provisoire depuis leur extradition depuis la Croatie et la Bulgarie, "la quatrième personne, en fuite, fait l'objet d'un mandat d'arrêt et pourra être jugée en son absence", a précisé le parquet.

Le principal suspect toujours en fuite

Une juge d'instruction a ordonné ce jeudi que trois suspects soient jugés pour dégradations en réunion et en raison de la prétendue appartenance à une race, ethnie ou religion, ainsi que pour association de malfaiteurs, a-t-il détaillé.

La quatrième personne, soupçonnée "d'avoir effectué les réservations d'hébergement et de transports des auteurs principaux, est poursuivie pour la complicité des dégradations aggravées et pour association de malfaiteurs", a-t-il ajouté. Ils encourent "sept ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende".

"L'instruction n'a malheureusement pas permis la mise en cause du principal suspect, toujours en fuite et dont l'absence est un vrai problème", a réagi Martin Vettes, avocat de l'un des suspects.

"Mon client attend son procès avec impatience depuis de longs mois".

Des "mains rouges" peintes

Dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, 35 tags représentant des "mains rouges" (symbole pouvant être lié au lynchage de soldats israéliens à Ramallah, en Cisjordanie, en 2000) ont été peints sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris.

Un agent de sécurité du site "avait surpris deux personnes" en train d'"apposer des pochoirs, et prendre la fuite à son arrivée", a relaté le parquet. Il leur est également reproché "plusieurs dizaines de tags similaires" sur des murs dans les IVe et Ve arrondissements de la capitale.

Les suspects ont été identifiés grâce à l'analyse des images de vidéosurveillance, de leurs lignes téléphoniques, des réservations de vols et d'un hôtel. Trois d'entre eux avaient pris un bus le 14 mai juste après les faits pour Bruxelles, puis un vol pour Sofia.

Action de déstabilisation des services de renseignement russes

Au cours de l'information judiciaire s'est dessinée "l'hypothèse que cette action était susceptible de correspondre à une action de déstabilisation de la France orchestrée par les services de renseignement russes", a indiqué le parquet.

Cette action s'intégrait dans "une stratégie plus large visant à diffuser de fausses informations et également à diviser l'opinion française ou attiser les tensions internes en faisant appel à des 'proxies', c'est-à-dire des personnes qui ne travaillent pas pour ces services mais sont rémunérées par eux pour des tâches ponctuelles par le biais d'intermédiaires, notamment dans des pays voisins de la Russie", a-t-il ajouté.

Le service Viginum, chargé de la lutte contre les ingérences numériques étrangères, avait observé "une instrumentalisation" de cette affaire sur X "par des acteurs liés à la Russie".

Cette opération avait été "conduite par le dispositif d'influence russe RRN à travers un réseau de plusieurs milliers de comptes inauthentiques sur Twitter et par un pseudo média français créé par RRN intitulé Artichoc", selon le parquet.

Une première audience est fixée le 11 septembre, le procès au fond pourrait se tenir fin octobre.

S.R. avec AFP