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Police-Justice

"On n’a pas le choix": la Défenseure des droits appelle à repenser les contrôles d'identité

La Défenseure des droits Claire Hédon à Paris, le 15 octobre 2021

La Défenseure des droits Claire Hédon à Paris, le 15 octobre 2021 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Claire Hédon estime que des mesures doivent être prises pour éviter les contrôles au faciès, notamment en s'inspirant de ce qui se fait à l'étranger.

Pour la Défenseure des droits, c'est une "urgence". Claire Hédon appelle à repenser les contrôles d'identité menés par les forces de l'ordre, quelques jours après les violentes émeutes qui ont éclaté dans les quartiers populaires. "Aujourd’hui, un jeune qui se fait contrôler et estime être victime de discrimination n’a aucun moyen de recours", déplore-t-elle dans Le Parisien, estimant que ces contrôles font partie de la colère actuelle.

En 2017, une étude menée par le prédécesseur de Claire Hédon, indiquait que les jeunes hommes "perçus comme noirs ou arabes ont "une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d'être contrôlés" et vivent "des relations plus dégradées avec les forces de l'ordre" que l'ensemble de la population.

Pour la Défenseure des droits, cette situation entretient "un climat délétère entre police et population".

"Il faut cesser le tutoiement et dire pourquoi on contrôle… C’est la base", prévient-elle.

"Retrouver une trace"

Claire Hédon propose également que les pouvoirs publics s'inspirent de ce qu'il se passe à l'étranger et notamment en Angleterre où les policiers disposent de tablette pour enregistrer l'intervention. L'idée est de pouvoir retrouver une trace en cas de contestation. "On n’a pas le choix, c’est impensable qu’une victime n’ait pas de recours", plaide-t-elle.

"J'ai eu l'occasion de dire que dans un certain nombre de cas, des policiers avaient eu des comportements discriminatoires, j'ai demandé des sanctions, souvent ces sanctions ne viennent pas et je pense que c'est l'un des problèmes qui est posé dans les relations de confiance entre police et population. Il faut que les contrôles d'identité soient traçables, qu'ils puissent faire l'objet de recours", réclamait déjà en 2020 Jacques Toubon, alors lui-même Défenseur des droits.

La Défenseure des droits consent que cette défiance de la population vis-à-vis de sa police n'est qu'une partie du problème actuel. Pour elle, il y a une accumulation "qui va des problèmes d’accès aux soins, au logement, au service public, pour beaucoup de citoyens, à commencer par les jeunes". "Il y a une urgence pour notre jeunesse", insiste encore Claire Hédon.

J.C.