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Police-Justice

"On est tous menacés de mort": des saisonniers attaquent leurs chef d'équipe accusé de traite d'êtres humains

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Dans le Vaucluse, des saisonniers d'origine tunisienne ont été forcés de travailler dans des conditions déplorables. Horaires à rallonge, pression sur leurs familles, racket... L'affaire va se jouer devant la justice.

Que s'est-il passé dans cette exploitation de fruits et légumes du Vaucluse? Douze saisonniers ont porté plainte contre leur employeur, alors qu'ils dénoncent des pratiques révoltantes. Un travail de jour comme de nuit, jusqu'à 13 heures par jour, à ramasser des produits, le tout ponctué d'à peine 30 minutes de pause.

La faute, selon eux, à leur chef d'équipe particulièrement autoritaire et violent. "Il frappe les ouvriers, on n'a pas le droit d'avoir soif, d'être fatigués. On peut seulement travailler à fond", raconte, vidéo à l'appui, un saisonnier à BFMTV.

Les plaignants sont des travailleurs d'origine tunisienne arrivés grâce à un titre de séjour, un sésame obtenu grâce à cet emploi. Le chef d'équipe est également tunisien, c'est lui qui est chargé par le dirigeant de l'exploitation de trouver des employés en Tunisie. Mais le chef d'équipe centralise aussi les demandes de carte de séjour et les monnaie 8.000 euros par travailleur, auxquels peuvent s'ajouter 3.000 euros pour un renouvellement.

3 personnes en garde à vue pour "traites d'êtres humains"

Un racket dénoncé par un saisonnier payé entre 1.500 et 2.000 euros par mois, un salaire qu'il doit en partie reverser au chef d'équipe. Alors, en avril, il a décidé de porter plainte, la peur au ventre, malgré la crainte de représailles.

"J'ai aussi peur pour mes enfants en Tunisie, on est tous menacés de mort, moi je suis en sécurité en France mais ma famille n'est pas en sécurité là-bas", nous raconte-t-il.

Pour Jean-Pierre Coffy, délégué syndical pour Force ouvrière, cette affaire est loin d'être une exception. Il évoque un système d'exploitation bien rodé dans la région. "La difficulté est qu'il s'agit d'un système trans-méditérranéen qui fait qu'ils sont difficilement appréhendables", déplore-t-il.

Alors que 12 travailleurs ont finalement porté plainte, selon nos informations trois personnes dont le chef d'équipe accusé de ces pratiques ont été placées en garde à vue pour "traites d'êtres humains" et "travail dissimulé".

Hilal El Aflahi, Alexis Pluyette, Habib Licir avec Tom kerkour