Nanterre: une magistrate meurt en pleine audience, une enquête ouverte

La magistrate présidait une audience lorsqu'elle s'est brusquement effondrée. (image d'illustration) - Alain Jocard
Tous saluent sa "compétence", son "humanité", sa dévotion à son travail. Marie Truchet, vice-présidente du tribunal judiciaire de Nanterre, est morte mardi en pleine audience. La magistrate, âgée de 44 ans, s'est brusquement effondrée. Les secours appelés sur place n'ont pas pu la réanimer.
Marie Truchet présidait ce mardi soir l'audience des comparutions immédiates, ces audiences où sont jugés, les uns après les autres, les petits délinquants jusqu'à souvent des heures tardives dans la soirée voire la nuit. Une enquête a été ouverte afin de déterminer les causes du décès de la magistrate, enquête confiée à la Direction territoriale de sécurité de proximité des Hauts-de-Seine.
Magistrate "acharnée"
Le décès de cette magistrate appréciée a suscité une vague d'émotion dans le monde judiciaire. Une professionnelle décrite par ses proches comme une "acharnée", qui "passait ses soirées et ses week-ends sur ses dossiers". "Très consciencieuse et très humaine, elle avait à cœur de traiter les dossiers qui lui étaient confiés et de rendre des décisions motivées dans l’environnement d’un tribunal fortement dégradé par le manque de moyens humain et matériel", se souviennent les avocats du Barreau de Nanterre.
Une cellule psychologique a été mise en place au sein du tribunal. Les collègues de la magistrate ont reçu dès mardi soir le soutien du Directeur des services judiciaires du ministère de la Justice, qui s'est rendu mardi soir au palais de justice de Nanterre. Le garde des Sceaux, qui s'est entretenu avec le président du tribunal par téléphone, a adressé mercredi un message aux collègues de la magistrate leur assurant de son "plus grand soutien dans cette épreuve qui nous bouleverse tous".
"Mes pensées se tournent vers sa famille mais également vers vous tous, ses collègues, qui travaillaient avec elle", a écrit Éric Dupond-Moretti.
"Oui, le travail tue"
Dans un communiqué, la CGT et le Syndicat de la Magistrature déplorent le refus du ministère de la Justice, à deux reprises, de mener "une expertise sur les conditions de travail au sein des juridictions". "Oui, le travail tue, surtout quand l'organisation gestionnaire du travail empêche le travail épanoui ", dénoncent les deux syndicats.
Il y a un an, le monde judiciaire s'était d'ailleurs mis en grève pour dénoncer le manque de moyens et le mal-être de plus en plus perceptible et audible dans la profession qui demande à pouvoir exercer dans des conditions "dignes". À l'origine de ce mouvement singulier le suicide d'une jeune magistrate à la fin du mois d'août 2021. Dans une tribune, signée par plus de 7000 personnes sur les 9000 membres que compte la profession, les signataires criaient leur souffrance au travail et la perte de sens dans leurs actions.