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Police-Justice

Moselle: le zoo d'Amnéville accusé d'avoir enterré certains de ses animaux morts dans la forêt

Le zoo d'Amnéville - Image d'illustration

Le zoo d'Amnéville - Image d'illustration - Google StreetView

Dans une longue enquête, France Bleu pointe divers dysfonctionnements dans l'établissement en s'appuyant sur les témoignages d'une dizaine d'employés.

Ils sont une dizaine, employés et ancien employés du zoo d’Amnéville, en Moselle, à dénoncer le fonctionnement de ce haut lieu touristique de la région, aujourd’hui en péril, la faute à une gestion calamiteuse et des dettes insolubles. Dans une longue enquête consacrée au sujet, France Bleu met en exergue ces différents dysfonctionnements. 

Listing sauvage

Dans un premier temps, est cité l’exemple d’un fichier Excel nommé "Olive Black List" qui contiendrait une liste d’employés, dont les noms sont suivis de remarques sans équivoque: "Élément perturbateur au service restauration", "pb prud’homme", "problème en caisse" ou encore "problème en fin de contrat, a réclamé des heures impayées."

Ce listing sauvage a été dénoncé à la police par une employée, mais aucune enquête n’aurait été ouverte. Contacté par le média régional, Michel Louis, l’actuel dirigeant du zoo, nie en bloc ces accusations. "C'est n'importe quoi, vous pouvez d'ailleurs regarder dans nos ordinateurs", a-t-il déclaré.

Au cours de cette enquête, d’autres éléments liés au personnel font surface. Ainsi, certains employés auraient vu leur salaire augmenter, et payé de manière frauduleuse, pour des raisons qui n’ont jamais été communiquées. "Une caissière à plus de 3000 euros par mois, ça paraît énorme, non?", s’étonne un ancien proche du directeur, sous couvert de l’anonymat.

"A partir de cette date, mon salaire est divisé en deux parties, 2000€ sur ma fiche de paie et 4 à 500€ par mois en liquide", explique de son côté Julie, une ancienne animatrice du zoo.

Une éléphante découpée puis enterrée dans la forêt

Si la gestion des ressources humaines est ainsi pointée du doigt, il en va de même pour celle des animaux du site, au nombre de 2000 pour 360 espèces. Si toute maltraitance est exclue dans l’enquête de France Bleu, certaines pratiques opérées sur place interrogent.

L’exemple d’une éléphante, nommée Catarina, est ainsi évoqué. Une fois morte, la pachyderme aurait été découpée et enterrée à même la forêt.

"Moi j’ai découpé l’éléphant, j’ai aussi enterré des bestioles dans la forêt. Un lion, un puma, un boa... On n’avait pas les moyens de payer l’équarrissage, alors on acceptait, pour la boîte", détaille un employé. Là encore, Michel Louis balaie d’un revers de manche les allégations et assure pouvoir présenter les factures des équarrisseurs.

De plus, l’article pointe également des errements écologiques qui pourraient, à terme, avoir de graves conséquences sur la faune et la flore locale. "Les eaux usées des tapirs, des tamanoirs, des jaguars, des perroquets, des manchots partent dans la nature, avec parfois des produits détergents comme du chlore ou de l’acide chlorhydrique", souligne une salariée.

Au total, six endroits du site seraient concernés par des déversements sauvages.

120 dossiers aux Prud'hommes 

En guise de conclusion, France Bleu souligne que 120 dossiers d’employés seraient à l’heure actuelle traités par la justice, dont celui de l’actuel propriétaire, qui a attaqué son propre zoo "pour se protéger" en cas de liquidation.

Quant à ces multiples accusations, ce dernier n’a pas souhaité y répondre et assure qu'une réponse judiciaire sera bientôt faite.

Hugo Septier