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Police-Justice

Mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois: les deux policiers seront-ils jugés?

Zyed Bennaet Bouna Traoré ont péri électrocutés dans un transformateur EDF

Zyed Bennaet Bouna Traoré ont péri électrocutés dans un transformateur EDF - -

La justice décide ce vendredi si les policiers impliqués dans la mort de deux adolescents à l'issue d'une course-poursuite à Clichy-sous-Bois en octobre 2005 doivent être jugés en correctionnelle.

Huit ans après le drame qui avait embrasé les banlieues françaises, la cour d'appel de Rennes décidera ce vendredi si les policiers impliqués dans la mort de deux adolescents à l'issue d'une course-poursuite à Clichy-sous-Bois en octobre 2005 doivent être jugés en correctionnelle.

Le 27 octobre 2005, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, avaient péri électrocutés dans un transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés. Un troisième jeune, Muhittin Altun, 17 ans au moment des faits, avait été grièvement brûlé.

Non-lieu requis

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes, aujourd'hui saisie de l'affaire, dira dans un arrêt vendredi si elle renvoie ou non en correctionnelle les deux policiers mis en cause dans ce dossier pour "non-assistance à personne en danger": Sébastien G. et Stéphanie K.

En octobre 2012, la cour de cassation avait annulé un non-lieu de la cour d'appel de Paris et renvoyé le dossier à Rennes. Début juin, le parquet général avait requis un nouveau non-lieu.

Deux versions opposées

Sur les faits, les argumentaires des deux camps restent presque inchangés depuis le début de cette procédure judiciaire hors norme.

Pour Me Mignard, l'un des avocats des familles des adolescents, lors de la course-poursuite, "les deux policiers voient les adolescents pénétrer dans le site (EDF, ndlr) mais ne font rien pour les alerter du danger qu'ils courent."

A l'inverse, pour Me Merchat, qui défend les deux policiers mis en cause, ses clients "n'ont jamais su qu'ils étaient entrés, au contraire, après vérification, ils étaient convaincus qu'ils n'y étaient pas". Les policiers "ont procédé à toutes les vérifications qui étaient en leur pouvoir pour s'assurer qu'il n'y avait personne dans le site", soutient l'avocat.

Rapport de l'IGS

L'affaire avait pris une tournure politique lorsque le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait affirmé au lendemain des faits que "la police ne poursuivait pas physiquement" les trois jeunes.

Or, fin 2006, un rapport de l'Inspection générale des services (IGS) reconnaissait que les trois mineurs avaient bien été poursuivis par des policiers. Mais aucun "manquement" des policiers n'était relevé, estimait alors le directeur de l'IGS, Eric Meillan.

Comme le parquet général de Rennes au printemps, le parquet de Bobigny, le parquet général de la cour d'appel de Paris et le parquet général de la cour de cassation avaient déjà requis un non-lieu, avant que la cour de cassation ne renvoie finalement l'affaire devant une autre juridiction.