Mort de Zyed et Bouna: le parquet réclame un non-lieu pour les policiers

Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, ont péri électrocutés le 27 octobre 2005 dans un transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés lors d'une course-poursuite avec la police. - -
Les policiers qui poursuivaient Zyed Benna et Bouna Traoré, le 27 octobre 2005 seront-ils jugés? Près de huit ans après la mort des deux adolescents à Clichy-sous-Bois, l'avocate général de la cour d'appel de Rennes, Hélène Catton, a demandé mardi un non-lieu pour deux policiers qui s'étaient livrés à une course-poursuite derrière eux.
Après la cassation en octobre dernier d'un non-lieu dans cette affaire, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a examiné le dossier mardi et rendra sa décision le 20 septembre. La mort des deux jeunes gens avait provoqué une vague d'émeutes dans les banlieues françaises. Initialement, les policiers avaient été renvoyés en correctionnelle pour "non-assistance à personne en danger".
"Au bout de huit ans, il y a toujours un blocage"
Me Jean-Pierre Mignard, l'un des avocats des familles des adolescents, s'est dit "surpris" par les réquisitions de l'avocate générale Hélène Catton, et a plaidé le renvoi en correctionnelle des policiers impliqués dans l'affaire.
"L'insolite de cette affaire, c'est qu'au bout de huit ans, il y a toujours un blocage pour qu'elle soit jugée comme si on craignait que, lors d'une audience publique, un certain nombre de faits soient établis", a dit l'avocat parisien à la presse à l'issue de l'audience qui s'est tenue à huis clos mardi.
Son confrère de Bobigny, Me Daniel Merchat, qui défend les deux policiers mis en cause et trois autres fonctionnaires au statut de témoins assistés, s'est dit "satisfait" des réquisitions du parquet général.
"Renvoyer (en correctionnelle) des personnes contre lesquelles il n'y a aucune charge, j'appelle cela de la "poutinerie", a-t-il déclaré à la presse, en référence au président russe Vladimir Poutine.
Émeutes urbaines
Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, avaient péri électrocutés le 27 octobre 2005 dans un transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés lors d'une course-poursuite avec la police. Un troisième jeune, Muhittin Altun, 17 ans au moment des faits, avait été grièvement brûlé.
L'affaire avait été le déclencheur de trois semaines d'émeutes urbaines dans les banlieues françaises. L'état d'urgence avait même été décrété le 9 novembre. En avril 2011, la cour d'appel de Paris avait prononcé un non-lieu en faveur de deux policiers initialement renvoyés devant un tribunal.
Mais en octobre 2012, la cour de cassation avait annulé ce non-lieu et renvoyé le dossier devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes, où une audience se tiendra mardi à 9 heures.
Les "faits ont été niés pendant longtemps"
"Nous allons demander à la chambre de l'instruction de renvoyer le dossier à Bobigny, le tribunal naturel pour cette affaire, afin que les deux policiers initialement renvoyés en correctionnelle soient jugés", a dit Me Jean-Pierre Mignard, l'un des avocats des familles des deux jeunes décédés en 2005.
Selon une source judiciaire à Rennes, il est toutefois plus probable que les magistrats rennais, s'ils décident de renvoyer les policiers devant la justice, le fassent devant un tribunal dépendant du ressort de Rennes.
Pour Me Mignard, qui soutient que les "faits ont été niés pendant longtemps", la course-poursuite avec les policiers a mené à la mort des deux adolescents et les policiers impliqués doivent être jugés pour "non assistance à personne en danger".