Mort de Clément Méric : le gouvernement dissout les groupuscules Troisième Voie et les JNR

Des membres de Troisième Voie, et leur leader Serge Ayoub, lors d'une manifestation à Paris. - -
Le Conseil des ministres a dissous mercredi les groupes d'extrême droite Troisième voie et Jeunesses nationalistes révolutionnaires, ainsi que l'association Envie de rêver, a annoncé la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Cette dissolution a été prononcée sur proposition du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a-t-elle indiqué.
Ces trois structures, dont des sympathisants ont été impliqués dans la mort du jeune militant d'extrême gauche Clément Méric, « présentaient les caractéristiques de milices privées » incitant à « la discrimination et à la haine », a fait valoir la porte-parole.
Cinq personnes, dont une femme, gravitant dans la mouvance skinhead d'extrême droite, ont été mises en examen après la rixe tragique du 5 juin à Paris. Le principal mis en cause, Esteban Morillo, 20 ans, est un sympathisant de Troisième voie et des JNR, leur service d'ordre.
« Cette décision est politique. On est dans le fait du prince »
Ces deux mouvements, considérés comme des « groupements de fait » par le gouvernement, sont dirigés par Serge Ayoub, 48 ans, alias « Batskin », l'ancien chef des skinheads parisiens d'extrême droite. Il a immédiatement annoncé qu’il attaquera le décret devant le Conseil d'Etat pour le faire annuler pour « abus de pouvoir ». L'association Envie de rêver gère Le Local, un établissement privé du XVe arrondissement à Paris qui sert de lieu de ralliement à Troisième voie.
« Bien sûr, il y aura un recours pour abus de pouvoir. Il y a sept critères précis dans l'article L212-1 » du code de la sécurité intérieure, qui autorisent la dissolution d'un groupe « et nous ne sommes pas dedans », a-t-il affirmé. Selon Serge Ayoub, contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, « aucun des écrits de Troisième voie n'incite à la haine raciale » et les « JNR ne sont pas une milice privée, c'est un service d'ordre ». « Cette décision est politique. On est dans le fait du prince », a-t-il dénoncé.
Le patron de Troisième voie et des JNR entend également déposer un « référé-liberté » devant la justice pour obtenir « la suspension du décret » et son application « jusqu'à ce que le Conseil d'Etat se prononce », a-t-il ajouté. Il avait pourtant lui-même annoncé le 25 juin l'auto-dissolution de Troisième voie et des JNR.