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Mort d'Adama Traoré: le parquet de Paris demande un non-lieu

Portrait d'Adama Traoré brandi lors d'une manifestation le 21 juillet 2018 à Beaumont-sur-Oise, deux ans après sa mort

Portrait d'Adama Traoré brandi lors d'une manifestation le 21 juillet 2018 à Beaumont-sur-Oise, deux ans après sa mort - FRANCOIS GUILLOT © 2019 AFP

Le jeune homme de 24 ans est décédé, le 19 juillet 2016, peu après son arrestation.

Au terme de plusieurs années d'enquête sur la mort d'Adama Traoré, en juillet 2016 dans l'enceinte de la gendarmerie de Persan (Val-d'Oise), le parquet de Paris a requis un non-lieu, ce mercredi, a fait savoir une source proche du dossier à BFMTV, confirmant une information de l'AFP.

Personne n'ayant été mis en examen dans cette affaire, érigée en symbole des violences policières, cette réquisition était attendue. Selon le parquet de Paris, les investigations "n'ont pas permis de mettre en évidence les éléments nécessaires afin de caractériser les infractions de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne dépositaire de l'autorité publique et de non non-assistance à personne en péril".

"Aucune zone d'ombre"

La décision finale sur un éventuel non-lieu ou une relance des investigations revient désormais aux juges d'instruction chargés du dossier.

"Au terme d'un réquisitoire particulièrement exhaustif de 71 pages, le parquet a donc conclu, à la lumière des investigations menées, à l'absence de quelque charge que ce soit à l'encontre des gendarmes", se sont félicités dans un communiqué les avocats des gendarmes, Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac-Kollarik. D'après eux, "ces réquisitions extrêmement motivées n'ont laissé aucune zone d'ombre pour aboutir à leur mise hors de cause".

Pour Yassine Bouzrou, avocat de de la famille Traoré, ces réquisitions "ne méritent aucun commentaire". Il estime tout de même que "le parquet reconnaît pour la première fois que l'interpellation à conduit à la mort d'Adama Traoré", "une avancée positive", a-t-il fait savoir un dans un communiqué de presse.

"La responsabilité des gendarmes qui ont réalisé cette interpellation violente ayant contribué à causer la mort d'Adama Traoré devrait, dans un état de droit, être poursuivi", ajoute Me Bouzrou.

Un "plaquage ventral" mortel pour la famille

Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans, est décédé le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise au terme d'une course-poursuite, un jour de canicule où la température avait frôlé les 37°C.

Emmenés par Assa Traoré, grande sœur d'Adama Traoré et militante, les proches du jeune homme tiennent les militaires pour responsables de sa mort et ont fait de son décès une affaire symbole de la lutte contre les violences policières et le racisme. L'enquête a donné lieu à une longue bataille d'expertises contradictoires entre les parties.

La famille de la victime accuse les militaires d'avoir pratiqué un "plaquage ventral", s'appuyant sur des déclarations initiales de l'un des gendarmes selon lequel Adama Traoré "a pris le poids de nos corps à tous les trois" lors de son arrestation. Ils accusent aussi les gendarmes de n'avoir pas porté secours au jeune homme.

Un "coup de chaleur" selon des expertises

Adama Traoré avait eu un malaise dans leur véhicule avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Il avait été laissé menotté jusqu'à l'arrivée des pompiers.

Selon un rapport rendu en janvier 2021 par quatre experts belges, confirmé en août 2022 par un complément d'expertise, son décès a été causé par un "coup de chaleur" qui n'aurait toutefois "probablement" pas été mortel sans son interpellation par les gendarmes, qui avaient menotté le jeune homme alors qu'il se débattait allongé sur le ventre.

Les trois gendarmes ayant procédé à l'arrestation ont été placés en novembre 2018 sous le statut intermédiaire de témoin assisté au titre de l'infraction de non-assistance à personne en péril.

Alexandra Gonzalez et M.A. avec AFP