"Pas de justice, pas de paix": une marche organisée pour les cinq ans de la mort d'Adama Traoré

A l'appel du collectif "La Vérité pour Adama", environ 300 personnes s'étaient rassemblées le 7 mai 2021 devant le palais de justice de Paris pendant le procès en diffamation d'Assa Traoré. - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Justice pour Adama !", "Pas de justice, pas de paix !": le poing levé, des centaines de personnes ont marché samedi dans les rues de Persan et Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) pour commémorer les cinq ans de la mort d'Adama Traoré, érigée en emblème des violences policières.
Le 19 juillet 2016, ce jeune homme noir de 24 ans décédait dans la cour de la caserne de Persan, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, peu après son arrestation par des gendarmes au terme d'une course-poursuite.
Suivant un camion depuis lequel Assa Traoré, soeur du défunt et figure du combat de la famille, haranguait la foule, le cortège a cheminé à travers les communes mitoyennes de Persan et Beaumont-sur-Oise.
Comme chaque année, la marche s'est rendue sur les différents lieux du drame du 19 juillet 2016. Elle a notamment marqué un temps de prière devant la caserne où est mort Adama Traoré, la "gendarmerie de la honte" selon sa soeur.
"Cinq ans après, la vérité et la justice n'ont toujours pas été rendues pour Adama alors que nous avons tous les éléments qui sont là et qui prouvent que les gendarmes sont responsables de la mort de mon petit frère", a déclaré aux journalistes Assa Traoré avant le début de la manifestation.
Un complément d'expertise médicale ordonné
Dépaysée à Paris, l'instruction sur ce décès est toujours en cours. Elle s'appuie sur des expertises médicales dont les conclusions divergent sur les conséquences de l'interpellation par les gendarmes et les antécédents médicaux du jeune homme, dans sa mort.
Les enquêteurs ayant recueilli de nouveaux témoignages et éléments médicaux, les juges d'instruction ont ordonné un complément d'expertise médicale, a appris samedi l'AFP de source proche du dossier. Les gendarmes ne sont pas mis en examen à ce stade.
Des gilets jaunes présents
Parmi les manifestants de tous âges et toutes origines présents à Beaumont-sur-Oise, les T-shirt du comité Adama côtoyaient ceux d'autres collectifs dénonçant des violences policières, mais aussi des drapeaux du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ou encore des gilets jaunes.
"Le mal qu'on fait aux jeunes des quartiers, on le fait à nous, on se déshonore", a déclaré à l'AFP Claudine, membre d'un groupe d'une douzaine de "gilets jaunes" venus de Bourgogne pour participer à cette manifestation.
Habitante d'Ermont (Val-d'Oise), Sabrina avait décidé pour la première fois de se rendre à une marche pour marquer la mort d'Adama Traoré. "Cinq ans, c'est quand même long pour une affaire qui aurait pu être réglée rapidement", a-t-elle estimé. Poussette en main, cette mère de famille avait amené avec elle ses deux fils en bas âge: "je leur explique pour qu'ils comprennent. Les problèmes de société, on ne peut pas y échapper, on ne peut pas les cacher aux enfants".