"Militant antiraciste": Éric Zemmour sera jugé pour "injure publique" contre le journaliste Taha Bouhafs

Eric Zemmour - AFP
Éric Zemmour et la chaîne Cnews seront jugés à Paris pour "injure publique" après une plainte du journaliste Taha Bouhafs contre le candidat à la présidentielle qui l'avait qualifié de "militant indigéniste" et "militant islamiste" fin 2020, a appris l'AFP ce mardi d'une source proche du dossier.
Le journaliste de 24 ans avait porté plainte avec constitution de partie civile fin février 2021 à Paris, ce qui permet de manière quasi-automatique d'obtenir un procès. Il reprochait à Eric Zemmour des propos datant du 30 novembre 2020 sur Cnews.
"Monsieur Bouhafs qui s'appelle journaliste et qui est en fait militant (...). Vous allez pas me dire que lui n'est pas un militant, un militant indigéniste, un militant islamiste", avait-il dit à l'antenne.
Une juge d'instruction parisienne a signé mercredi l'ordonnance renvoyant Éric Zemmour, ainsi que Jean-Christophe Thiery de Bercegol du Moulin, directeur de la publication de Cnews, en procès pour "injure publique" et complicité de celle-ci.
"Campagne de dénigrement"
L'audience se tiendra à une date indéterminée, mais sans aucun doute après l'élection présidentielle.
"Ces insultes font partie d'une campagne de dénigrement et de criminalisation des militants antiracistes. J'espère que la justice sera intraitable avec ce délinquant multirécidiviste, le laxisme doit cesser", a réagi Taha Bouhafs auprès de l'AFP.
"Pour Cnews comme pour Zemmour, il n'y a pas trop de différence entre un arabe et un islamiste. Chaque parole injurieuse visant un journaliste doit être combattue sur les terrains judiciaires, médiatiques et politiques", a réagi son avocat, Me Arié Alimi.
Condamné deux fois pour "provocation à la haine"
Éric Zemmour, un temps pilier de la chaîne d'info CNews, a été condamné à plusieurs reprises par des tribunaux au pénal, dont la dernière fois en janvier 2022 pour "provocation à la haine" pour des propos sur les mineurs migrants isolés. Il a fait appel de ce jugement. Il a aussi été définitivement condamné à deux reprises pour "provocation à la haine", pour des propos de 2010 et 2016.
En quoi qualifier Taha Bouhafs de "militant indigéniste" et "militant islamiste" serait "injurieux ?", demande Me Olivier Baratelli, avocat de Cnews. La chaîne d'informations en continu "considère qu'elle n'a absolument rien à se reprocher et que cette plainte est véritablement insensée, infondée, inconsistante et immature", d'après lui.
Sollicité par l'AFP, le camp Zemmour n'avait pas réagi mardi après-midi.