Meurtre de Bernard Mazières: début du procès de son fils

Le procès du fils de Bernard Mazières débute lundi. - -
Pourquoi Bernard Mazières est-il mort? La cour d'assises des mineurs de Paris se penche à partir de lundi sur la mort, en 2010, de cet ancien journaliste politique. Son fils, 17 ans au moment des faits, et un ami de ce dernier sont accusés du meurtre. La principale question du procès demeure le mobile de ce crime, qui reste mystérieux.
Âgé de 60 ans, ancien journaliste du Parisien, Bernard Mazières avait été retrouvé mort le 24 décembre 2010 par sa femme de ménage à son domicile du VIe arrondissement de Paris, dans la chambre de son fils, avec lequel il vivait.
Un meurtre particulièrement violent
L'autopsie avait confirmé que Bernard Mazières était mort des suites d'un fracas crânien par un objet contondant et qu'il avait été poignardé à la gorge. Aucune trace d'effraction n'avait été relevée.
En quelques jours, les soupçons des enquêteurs se sont focalisés sur le fils de la victime. Placé en garde à vue le 29 décembre, il a reconnu rapidement avoir planifié le meurtre de son père avec un de ses amis, âgé de 25 ans et auteur direct présumé du crime.
Les deux complices auraient au départ planifié une agression ayant "mal tourné", avant de changer d’avis. Le jeune homme aurait appelé son père pour lui dire qu'un ami passait récupérer un casque de musique qu'il avait oublié, et fait monter Dany M., qui aurait tué la victime avec un marteau. Cette arme aurait été achetée par les complices en prévision du crime tandis que le couteau aurait été récupéré dans l’appartement. Les deux jeunes gens s'étaient retrouvés plus tard, dans la soirée, dans un café.
L'argent ne serait pas le mobile
Les deux amis ont été mis en examen pour assassinat et vol. L’auteur présumé des coups mortels est poursuivi également pour escroquerie et le fils de Bernard Mazières pour complicité d’escroquerie. Les cartes bancaires de l’ancien journaliste ont été utilisées après le crime à hauteur de plusieurs milliers d'euros.
Mais l'argent, un temps avancé par les enquêteurs comme mobile possible du crime, ne semble pas en fait avoir été au cœur des motivations des deux jeunes hommes.
Lors de l'enquête, le fils du journaliste évoquait son "grand malaise" envers son père, avec lequel les relations s'étaient dégradées à l'adolescence, notamment en raison de problèmes scolaires. Le jeune homme reprochait notamment à son père de trop boire.
"Assouvir des besoins meurtriers"
Lors de l'enquête, le fils du journaliste a assuré avoir "comme un con évoqué l'idée que peut-être [son père] pourrait mourir", et que son ami Dany M., qui se vantait d'avoir "égorgé un dealer" (agression pour laquelle il a été condamné à 30 mois de prison ferme en octobre 2011) avait alors proposé de se charger du meurtre.
Les deux jeunes gens, décrits par les experts comme "narcissiques", s'étaient alors entraînés l'un l'autre vers le crime. Selon le fils de Bernard Mazières, son ami avait agi "pour assouvir ses besoins meurtriers".
Dany M. est jugé par les expertises comme extrêmement dangereux, mais ce sont les explications du fils qui seront en bonne partie au centre des débats. Des expertises ADN menées après le crime ont montré que Bernard Mazières n'était pas son père biologique.
"La famille attend de ce procès de comprendre ce qu'ont pu être les motivations du fils de la famille, aimé de tout le monde. Elle a besoin de comprendre pour faire son deuil", explique Richard Valeanu, avocat de la tante et des cousins du jeune accusé.
Le procès devrait se tenir à huis clos, le verdict est attendu vendredi. Le fils de Bernard Mazières encourt 20 ans de réclusion criminelle et son complice la réclusion criminelle à perpétuité.