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Police-Justice

Meurtre d'Agnès Marin: son grand-père s'attaque à un psychiatre

Agnès Marin avait 14 ans quand elle a été tuée.

Agnès Marin avait 14 ans quand elle a été tuée. - -

Le grand-père d’Agnès Marin, tuée par un camarade de classe en novembre 2011, veut porter plainte contre l'expert-psychiatre qui avait jugé le coupable présumé "non dangereux" après qu'il avait avoué un viol, un an plus tôt.

Agnès Marin n'avait que 14 ans lorsqu'elle a trouvé la mort. Son corps, calciné, avait été retrouvé à Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, en novembre 2011. Matthieu, 17 ans à l'époque des faits, avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en juin dernier, un jugement dont il a fait appel au vu de sa sévérité.

L'adolescent n'était déjà pas inconnu de la police lorsqu'il avait été interpellé pour le meurtre et le viol d'Agnès: les enquêteurs le soupçonnaient d'avoir violé une autre camarade de classe, un an plus tôt, des faits qu'il avait avoués. Cela l'avait conduit à être examiné par un psychiatre. "Non dangereux", avait alors estimé le médecin.

Pour le grand-père d'Agnès, rencontré par BFMTV, il s'agit là d'une faute "impardonnable". "Il a déclaré que ce garçon avait eu un "accident" [le viol présumé d'une camarade, ndlr], mais qu'il n'était pas dangereux, qu'il fallait le libérer et le remettre dans un collège avec des filles et des garçons", soupire l'homme. "Il a ouvert le toboggan de la mort, et je ne peux pas admettre ça".

La psychiatrie "n'est pas une science exacte"

Les proches d'Agnès réclament la radiation du psychiatre de l'ordre des experts, mais aussi de l'ordre des médecins, et entendent ensuite le poursuivre devant la justice. Ce meurtre avait suscité un profond émoi en France et déclenché une vive polémique sur l'évaluation de la dangerosité et le suivi judiciaire des délinquants sexuels, le gouvernement Fillon dénonçant alors des "dysfonctionnements" dans le suivi du garçon.

Jusqu'à présent silencieux, le docteur Aiguesvives, joint par BFMTV, se défend. Sa "spécialité n'est pas une science exacte", explique-t-il. "La prédiction en matière de risques n'est pas une matière scientifique. Si les psychiatres avaient la capacité de prédire toutes les réitérations d'actes, nous n'aurions pas ce taux de récidive en France, comme dans tous les autres pays".

L'année dernière, pour la première fois en France, une psychiatre a été condamnée à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire. Son patient schizophrène avait tué quelqu'un, et la justice a considéré qu'elle était en partie responsable.

Alexandra Gonzalez (vidéo: Sandra Boulanger)