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Police-Justice

#MeToo dans la marine marchande: deux anciens marins jugés pour agressions et harcèlement à Brest

Le tribunal de Brest. (Photo d'illustration)

Le tribunal de Brest. (Photo d'illustration) - Jean-François Monier

Deux anciens marins sont jugés à partir de ce mardi 22 avril pour des faits d'agressions sexuelles et de harcèlement moral et sexuel entre 2015 et 2019 à Brest (Finistère). Une première dans l'histoire du #MeToo de la marine marchande.

Premier jalon judiciaire pour le #MeToo dans la marine marchande. Ce mardi 22 avril s'ouvre à Brest (Finistère) le procès de deux anciens marins jugés pour harcèlement moral et sexuel, ainsi que pour des agressions sexuelles.

Christophe M., ex-capitaine de la compagnie maritime Genavir (une filiale de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) et Philippe T., ancien chef mécanicien, comparaissent jusqu'à jeudi pour des faits commis en mer entre 2015 et 2019, expliquent nos confrères du Monde et de Ouest-France.

Au total, sur les sept victimes recensées dans le dossier, trois femmes ont porté plainte et se sont constituées parties civiles. Auprès de nos confrères du Monde, deux des plaignantes ont confié avoir fait l'objet de blagues et de remarques sexistes, ainsi que de regards déplacés.

Dans ce milieu où les femmes sont en minorité et où l'espace clos des navires de le marine est propice aux abus, l'une d'elle raconte même avoir dû repousser Philippe T., entré dans sa cabine en pleine nuit dans l'intention de l'embrasser.

Le directeur de Genavir sur le banc des prévenus

"S'il y a une condamnation, cela enverrait un message disant aux victimes qu'elles peuvent parler, qu'il peut y avoir des procès au pénal avec condamnation des employeurs si elles sont en danger", ont de leur côté déclaré Me Caroline Boeckman et Me Mylène Hadji, avocates de trois des victimes, auprès de Ouest-France.

"Nos clientes ne sont plus en mer. Leur carrière a été grillée et c'était compliqué de travailler dans un environnement sexiste et d'entendre systématiquement des propos à caractère sexuel", poursuivent-elles.

Christophe M. et Philippe T. ne seront pas seuls sur le banc des prévenus: la compagnie maritime Genavir est elle aussi mise en cause dans ce dossier en tant que personne morale, tout comme son directeur général, Eric D.

Ils devront répondre des faits qui leur sont reprochés, à savoir d'avoir fermé les yeux sur ces agissements et de n'avoir rien fait pour protéger les victimes, et ainsi d'avoir constitué un frein à leur évolution professionnelle. Une première dans le milieu de la marine marchande depuis la vague #MeToo en France.

Elisa Fernandez