Marseille : Sylvie Andrieux, députée socialiste, comparaît pour détournements de fonds publics

La députée PS Sylvie Andrieux est soupçonnée d'avoir détourné de l'argent du Conseil régional pour s'implanter dans sa circonscription. - -
Des associations des 13e et 14e arrondissements de Marseille ont-elles été les maillons d’un vaste système d’escroquerie ? C’est la question à laquelle doit répondre le tribunal correctionnel de Marseille à partir de ce lundi, et pendant trois semaines. Sylvie Andrieux, députée PS des Bouches-du-Rhône, comparaît car elle est soupçonnée d'avoir facilité le versement de subventions à huit associations, présumées fictives, de la circonscription où elle est députée et qui couvre les deux arrondissements en question, dans les quartiers Nord. L’argent l’aurait alors aidée à s’implanter politiquement dans ces quartiers.
Au total, l'ancienne vice-présidente du Conseil régional de PACA aurait détourné 740 000 euros en faisant pression sur le Conseil entre 2005 et 2007. Le système aurait pu perdurer si la cellule anti-blanchiment du ministère de l'Economie n’avait pas signalé des flux financiers suspects. La députée risque pour cela jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Vingt-et-une autres personnes comparaissent aux côtés de la députée, notamment les dirigeants des associations ayant reçu les subventions frauduleuses.
« Je suis victime »
Sylvie Andrieux, elle, se dit victime d'escroquerie, au même titre que le Conseil Régional, sur lequel elle affirme ne pas avoir le pouvoir de faire pression. « Je suis victime, assure l’élue. D’ailleurs, j’apporterai toutes les preuves pour m’innocenter sur la problématique du détournement de fonds publics. C’est une affaire d’escroquerie, autour de deux protagonistes qui recouvrent huit associations. L’un des deux, je ne le connais ni d’Adam ni d’Eve, et le second, je l’ai rencontré trois fois entre 2005 et 2007. Ces escrocs ont profité des défaillances de fonctionnement de l’institution. On trouvera comment cette escroquerie a eu lieu et comment nous avons été victimes, moi et la région ».
« Un système marseillais bien connu »
Le député UMP des Bouches-du-Rhône Dominique Tian estime plutôt qu’elle est « victime d’un système marseillais bien connu de clientélisme, le fait de donner de l’argent en échange d’un soutien politique et non pas en fonction de l’efficacité qu’on doit rechercher quand on est une collectivité locale ». Le député d’opposition pense donc que « la loi devrait être beaucoup plus forte, beaucoup plus dure et que les chambres régionales des comptes devraient s’intéresser au versement des subventions car je crois que beaucoup sont accordées pour des motifs essentiellement politiques. Et comme on ne demande pas d’obligation de résultat sur l’argent donné en subvention, il se produit ce genre d’incidents regrettables ».