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Police-Justice

Manifestation de soutien aux Femen jugées pour exhibitionnisme à Lille

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Activisme ou exhibition sexuelle? Le tribunal de Lille juge mercredi deux militantes Femen qui se sont ruées seins nus sur la voiture de DSK début 2015. Des Femen et des féministes du MLF sont venues dénoncer ce procès.

"Féministes pas criminelles", "Nous ne sommes pas des exhibitionnistes" ou "condamnez les proxénètes, relaxez les Femens". Tels étaient les slogans scandés par les manifestantes mercredi matin devant le tribunal de Lille. Deux militantes devaient y répondre d’accusation "d’exhibition sexuelle".

Le 10 février 2015, alors que Dominique Strauss-Kahn comparaissait à Lille pour proxénétisme dans le procès dit "du Carlton", elles avaient manifesté devant le même tribunal, le torse recouvert de slogans contre la prostitution et les violences faites aux femmes, en compagnie d'une troisième activiste.

Seins nus, deux d’entre elles avait encerclé la voiture dans laquelle se trouvait l'ancien directeur du FMI, tandis que la troisième était montée sur le capot en hurlant "macs-clients déclarés coupables". Le tout a duré une minute, les policiers ayant immédiatement interpellé les trois militantes, tandis que la voiture amenant DSK s’engouffrait dans le parking.

"Une perversion de la loi", estiment les féministes

"Nous trouvons que c'est une perversion de la loi de tenter de condamner des militantes politiques sur le fondement d'agression sexuelle que nous-même avons obtenu en droit pour défendre la cause des femmes et reconnaître leurs droits", dénonce Elisabeth Nicoli, de l'Alliance des femmes pour la démocratie - Mouvement de libération des femmes, venue manifester devant le tribunal.

Cette association fait partie des signataires d'une tribune publiée dans Libération lundi comme l'ancienne Premier ministre Edith Cresson, Agnès Jaoui, Georges Kiejman, Lio, Osez Le Féminisme, le planning familial et La Barbe.

"Au cours de ce procès pour proxénétisme, ceux qui ont reconnu avoir eu des pratiques sexuelles violentes à l’encontre de femmes prostituées ont été relaxés. Et ce sont finalement les militantes venues dénoncer ces violences qui sont poursuivies sur le fondement inique d’une prétendue 'agression sexuelle'. Les femmes seraient-elles encore et toujours coupables et jamais victimes?", s'interrogent les signataires.

Ils demandent l'abandon des poursuites "afin de mettre un terme à une injustice notoire et à une dangereuse régression démocratique, et d’envoyer ainsi un message fort d’égalité et de justice sociale à l’ensemble de notre République".

Déjà deux condamnations pour ce motif

Les prévenues risquent un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende. Le délit d’exhibition sexuelle "suppose, dit la loi, que le corps ou la partie du corps volontairement exposé à la vue d’autrui soit ou paraisse dénudé", et ce dans "un lieu accessible aux regards du public".

En octobre 2014, une militante ukrainienne, qui avait attaqué la statue de cire du président russe Vladimir Poutine au Musée Grévin à Paris, avait été condamnée à ce titre à 1.500 euros d'amende.

Deux mois après, la française Éloïse Bouton était condamnée à un mois de prison avec sursis et 2.000 euros de dommages et intérêts pour avoir fait irruption seins nus dans l'église de la Madeleine, dans la capitale, le 20 décembre 2013.

VIDEOS Maud Guillot