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Police-Justice

Macron à Las Vegas: d'après Le Monde, Pénicaud était au courant de l'opération

Muriel Pénicaud

Muriel Pénicaud - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Selon Le Monde, la ministre du Travail était plus informée qu'elle ne le prétend des modalités frauduleuses d'organisation de la French Tech Night.

Un rebondissement? L'actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud était informée du coût et des modalités de l'organisation du déplacement à Las Vegas d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, affirme vendredi Le Monde en s'appuyant sur de nouveaux éléments de l'enquête.

Business France (BF), dirigé à l'époque par Muriel Pénicaud, avait été chargé d'organiser en urgence une soirée à Las Vegas le 6 janvier 2016 autour d'Emmanuel Macron, dans le cadre du Consumer Electronics Show (CES), grand-messe de l'innovation technologique.

La justice soupçonne BF, qui dépend notamment de Bercy, d'avoir enfreint la réglementation sur les marchés publics en ne faisant pas d'appel d'offres pour l'organisation de la French Tech Night, confiée à Havas en décembre 2015, pour un coût de 289.019 euros.

Pression du cabinet de Macron

L'enquête pour "favoritisme et recel de favoritisme", instruite notamment par le juge Renaud Van Ruymbeke, selon Le Monde, doit déterminer si Muriel Pénicaud a pu être informée en amont de dysfonctionnements, ce qu'elle nie.

Le quotidien du soir affirme au contraire qu'elle "était bien mieux informée (...) qu'elle ne veut le dire", "de nouveaux éléments étay[a]nt le récit d'un dérapage sous la pression du cabinet du ministre Macron".

Nos confrères citent notamment un courriel, récemment versé au dossier, suggérant qu'elle était au courant du coût prévisionnel de la soirée dès le 20 novembre 2015. Ce jour-là, la directrice adjointe de la promotion et de la communication de BF, Julie Cannesan lui écrit:

"Muriel, nous avons eu le cab (cabinet) Macron en ligne (...) Parmi les points à retenir s'agissant du CES, celui-ci: 'Budget: 300 KEUR' (300.000 euros, NDLR.)", rapporte Le Monde.

"Cet e-mail ne caractérise pas une alerte sur un problème de régularité juridique", a réagi dans le journal l'avocat de Muriel Pénicaud Me Fabrice Dubest, évoquant des indices budgétaires "pas définitifs".

La soirée "largement évoquée"

D'après le quotidien, Fabienne Bothy-Chesneau, à l'époque directrice de la communication de BF a suggéré lors son audition à l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff) que son ancienne patronne ne pouvait être tenue dans l'ignorance des modalités d'organisation.

Elle a ainsi évoqué une première réunion "en octobre ou en novembre 2015" à laquelle Muriel Pénicaud (...) nous a enjoint d'aller, soulignant qu'il était important de renforcer les liens avec le cabinet Macron", selon le quotidien.

Ensuite, lors de plusieurs comités de direction, "l'organisation de la soirée a été largement évoquée sans jamais soulever l'opposition de Muriel Pénicaud", a-t-elle dit aux enquêteurs.

Fabienne Bothy-Chesneau a aussi évoqué un climat d'"urgence" au sein de BF face aux exigences supposées du cabinet Macron, à mesure que l'échéance approchait. "M'opposer à cela aurait signifié un 'non' que j'aurais dit au ministre et à son cabinet", selon elle.

Audit externe

Un courriel de décembre 2015 de Fabienne Bothy-Chesneau, révélé par le JDD, suggérait que la directrice de Business France avait été "briefée" à propos des difficultés, une version qu'elle a de nouveau contestée cette semaine par la voix de son avocat.

"Muriel Pénicaud n'a pas participé à la passation des marchés pour cette soirée. Informée a posteriori (février 2016, ndlr) de dysfonctionnements possibles, elle a diligenté un audit externe", a affirmé Me Fabrice Dubest.

Cet audit a donné lieu à un rapport en juin 2016, puis à une note juridique en septembre 2016. Ce dernier document, consulté par l'AFP, n'a pas exclu que sa "responsabilité" puisse être engagée, même si sa "participation personnelle dans le cadre du marché (...) n'a pas été identifiée".

L.N. avec AFP