Les psychiatres ont-ils sous-estimé Abdelhakim Dekhar?

Dans un rapport de 1995, les experts décrivent Abdelhakim Dekhar comme "manipulateur", mais "pas dangereux". - -
Soupçonné d’être l’agresseur de BFMTV, Libération et La Défense, Abdelhakim Dekhar est en garde à vue depuis plus de 24 heures. S’il accepte de parler de son parcours, il n’a toujours rien expliqué des faits qui lui sont reprochés.
En 1995 déjà, soupçonné d'être impliqué dans l'affaire Rey-Maupin, Abdelhakim Dekhar avait fait l’objet d’une expertise psychiatrique. A-t-il été sous-estimé par les experts? Dans le rapport que s’est procuré BFMTV, les psychiatres relèvent une "tendance à la mythomanie" et un "déséquilibre de la personnalité".
Mais ils jugent qu’Abdelhakim Dekhar n’est pas dangereux: "il est accessible à une sanction pénale. La curabilité ne se pose pas et il est réadaptable", écrivent les psychiatres à l'époque.
Mais deux lettres ont été retrouvées dans sa voiture et au domicile de la personne qui l’hébergeait. Leur contenu est confus, et évoque un "complot fasciste" ou même une "hystérie médiatique".
"Manipulateur, mais pas dangereux"
Lors de son procès en 1998, l’avocate générale Evelyne Lesieur se souvient surtout d’un homme manipulateur, mais pas forcément dangereux.
"Les experts ne lui ont trouvé aucune anomalie mentale, aucune maladie, et qui plus est, Dekhar n’avait à l’époque aucun antécédent judiciaire, explique Evelyne Lesieur. Mais dans la lumière, il est apparu comme un manipulateur qui, fatalement, joue un rôle".
Dans une lettre adressée depuis sa cellule de Fleury-Mérogis au juge d’instruction, il se désigne comme un "bouc émissaire", et montre du doigt, déjà, les médias. Abdelhakim Dekhar y dénonce "un complot". Des propos flous, confus, qui auraient pu alerter sur sa fragilité.
Ils font aujourd’hui écho aux lettres trouvées par les enquêteurs après son interpellation: l'une dans sa voiture, l'autre chez la personne qui l'hébergeait. Il y évoque un "complot fasciste" et des journalistes mensongers.