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Les mésaventures des Bettencourt inspirent les créateurs

Des livres, des films, une marionnette, une pièce de théâtre... Après avoir noirci les pages des journaux, la rocambolesque affaire Bettencourt inspire les créateurs./Photo prise le 26 janvier 2011/ REUTERS/Charles Platiau

Des livres, des films, une marionnette, une pièce de théâtre... Après avoir noirci les pages des journaux, la rocambolesque affaire Bettencourt inspire les créateurs./Photo prise le 26 janvier 2011/ REUTERS/Charles Platiau - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Des livres, des films, une marionnette, une pièce de théâtre... Après avoir noirci les pages des journaux, la...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Des livres, des films, une marionnette, une pièce de théâtre... Après avoir noirci les pages des journaux, la rocambolesque affaire Bettencourt inspire les créateurs.

Dans cette histoire qui a passionné les Français, tous les ingrédients d'une bonne intrigue sont réunis : l'argent, le pouvoir, la filiation, l'héritage, l'amour et l'amitié sur fond de querelle familiale et de démêlés judiciaires.

Jadis discrète et méconnue, Liliane Bettencourt, femme la plus riche de France grâce au groupe L'Oréal dont elle est l'unique héritière, est passée soudain de l'ombre à la lumière.

Il a suffi d'une plainte de sa fille Françoise accusant le photographe François-Marie Banier d'avoir obtenu d'elle un milliard d'euros - somme hautement symbolique - de dons pour faire de la dame de 87 ans une figure populaire.

Convaincu que Liliane Bettencourt fut "la femme de l'année 2010" comme il l'a dit à la presse, l'animateur Laurent Ruquier s'est inspiré d'elle pour écrire une pièce burlesque, "Parce que je la vole bien", qui fait rire chaque soir le public du théâtre Saint-Georges à Paris.

Madame Caquencourt, interprétée par Catherine Arditi, y est séduite par le photographe Jean-Florent Marnier, alias Ariel Wizman.

Dans son salon où trônent une baignoire remplie de billets de banque et un coffre-fort qui s'ouvre avec un bruit de clochettes, sa fille, jouée par Armelle, recompte sans cesse les tableaux de peur qu'ils ne disparaissent.

MARIONNETTE

Le spectacle a remis les spectateurs au coeur d'une affaire "qui peut se passer dans toutes les familles", déclarait mercredi soir une dame à sa sortie. "C'est bien la preuve que l'argent ne fait pas le bonheur."

Nicolas Bouvard, comédien de 30 ans, a toutefois jugé cette pièce prématurée. "C'est du copié-collé. Je pense qu'on n'a pas assez de recul. C'était trop tôt", a-t-il dit à Reuters.

Dès le début de l'affaire, les humoristes de l'émission satirique de Canal+ "Les Guignols" ont ajouté Liliane Bettencourt à leur collection sous les traits d'une "mamie Zinzin" un peu dépassée qui distribue à tout va chèques, liasses de billets de banque et toiles de maître au son du tube disco "Le freak, c'est chic".

Cette collectionneuse de chefs d'oeuvre est elle-même devenue une oeuvre d'art.

A la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) de l'automne dernier à Paris, son visage ornait une oeuvre du Luxembourgeois Filip Markiewicz : un billet de banque géant de 500 euros édité par une mystérieuse "Banque de tolérance".

Le monde de l'édition s'est aussi emparé de l'histoire sans attendre son épilogue : la réconciliation de Liliane et Françoise Bettencourt, officialisée devant les photographes au premier rang d'un défilé de haute couture en janvier.

Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, à l'origine des premières révélations sur l'affaire sur le site Mediapart, ont rassemblé leur enquête dans "L'Affaire Bettencourt", publiée aux Editions Don Quichotte.

"UN MILLIARD DE SECRETS"

Cette saga "n'est pas qu'un conflit familial opposant la femme la plus riche de France à sa fille", ont-ils expliqué.

"Depuis les premières révélations de Mediapart, l'affaire Bettencourt est devenue l'affaire Woerth, recelant possiblement une affaire Sarkozy. Autrement dit, une affaire d'État", ont-ils ajouté, rappelant que l'affaire a éclaboussé l'ancien ministre du Budget Eric Woerth et fait jaser jusqu'à l'Elysée.

Dans un autre ouvrage paru l'été dernier, "La lady et le dandy", Christophe D'Antonio donne sa version d'une "comédie de l'argent et du pouvoir qui ne trouvera son épilogue qu'après la mort de Liliane Bettencourt".

Au moins deux livres sont en préparation sur le même thème : l'un intitulé "Un milliard de secrets", de Marie-France Etchegoin, doit sortir début mai. Quant à Jean-Marc Roberts, P-DG des éditions Stock, il racontera dans un ouvrage son amitié avec François-Marie Banier.

Deux films sont en outre à l'état de projet. L'un, signé du comédien et réalisateur Edouard Baer, qui s'est réservé le rôle de François-Marie Banier, pourrait voir le moustachu Jean Rochefort interpréter le rôle de la milliardaire.

Un autre long-métrage produit par Thomas Langmann et réalisé par Michel Hazanavicius, auteur de la série "OSS 117" avec Jean Dujardin, est aussi en gestation. Jeanne Moreau est pressentie pour le rôle de Liliane Bettencourt.

Avec Lionel Laurent, édité par Patrick Vignal