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Les classes moyennes plutôt épargnées par la crise ?

Une étude de l'Insee montre que le niveau de vie moyen des Français les plus aisés a reculé en 2009 sous l'effet de la crise, qui a surtout frappé les plus modestes tout en épargnant une vaste population intermédiaire. /Photo d'archives/REUTERS/Darren Sta

Une étude de l'Insee montre que le niveau de vie moyen des Français les plus aisés a reculé en 2009 sous l'effet de la crise, qui a surtout frappé les plus modestes tout en épargnant une vaste population intermédiaire. /Photo d'archives/REUTERS/Darren Sta - -

Le niveau de vie moyen des Français les plus aisés a reculé en 2009 sous l'effet de la crise, selon une étude de l'Insee. Celle-ci a surtout frappé les plus modestes tout en épargnant une vaste population intermédiaire.

Le niveau de vie moyen des Français les plus aisés a reculé en 2009 sous l'effet de la crise, qui a surtout frappé les plus modestes tout en épargnant une vaste population intermédiaire, montre une étude présentée mardi par l'Insee. Selon cette étude sur les revenus et le patrimoine des ménages, les classes moyennes, sur lesquelles le gouvernement s'est engagé à ne pas faire peser le redressement des comptes publics, sont restées relativement à l'abri de la crise.

Les plus modestes ont un niveau de vie plus faible

En 2009, dernière année étudiée, le niveau de vie médian d'un ménage-type composé d'un couple avec deux enfants, dont un en bas âge, ressortait à 19 080 euros par an, soit 1 600 euros par mois, en hausse de 0,4% en euros constants par rapport à 2008 contre une progression de 1,4% par an de 1996 à 2008. En revanche, les personnes les plus modestes ont vu leur niveau de vie moyen reculer de 2,1%, note l'Insee, qui souligne que "des mesures ponctuelles et la montée en charge du revenu de solidarité active ont permis de limiter les effets de la crise". Les 10% les plus aisés ont vu baisser leur niveau de vie, qui dépasse 35.840 euros par an, relève l'Insee. Mais ce recul est loin d'effacer la hausse de 2,0% l'an en moyenne enregistrée sur la période 1996-2009.

9,9% de la population au chômage fin 2012

Entre les plus aisés et les plus modestes "apparaît un ensemble de personnes relativement épargnées par la crise" que l'Insee qualifie de "vaste population intermédiaire" plutôt que de classes moyennes - une catégorie largement utilisée dans le débat public mais qui peut aussi bien recouvrir des catégories socioprofessionnelles que des sous-ensembles plus ou moins homogènes de revenus. L'Insee relève la forte proportion de salariés en contrat à durée indéterminée dans cet ensemble.
La dégradation du taux de chômage, et l'allongement des durées de chômage, qui ont touché toutes les catégories socioprofessionnelles, explique en grande partie la progression de la pauvreté monétaire. L'Insee prévoit que le taux de chômage atteindra 9,9% de la population active en métropole à la fin de cette année.

La pauvreté se traduit aussi par les conditions de vie

La pauvreté aussi se traduit en termes de conditions de vie : une personne est considérée comme pauvre si elle connaît des privations matérielles dans au moins huit domaines de la vie quotidienne sur 27 suivis et répartis en quatre catégories : insuffisance de ressources, retards de paiement, restrictions de consommation et difficultés de logement. En 2008, 20% de la population française connaissait l'une ou l'autre des formes de pauvreté et 5,0%, soit une personne pauvre sur quatre, les cumulaient. Pour 11% de la population totale, la pauvreté a été récurrente pendant deux ou trois ans, consécutifs ou non. Enfin, pour 10% de la population totale, la pauvreté a été persistante, durant quatre ou cinq ans. "Plus l'on passe de temps dans la pauvreté, plus le risque de cumuler les deux formes de pauvreté s'accroît", note l'Insee. Parmi les facteurs les plus associés à la pauvreté se trouvent une sortie précoce du système scolaire, des événements familiaux tels qu'une séparation, l'impossibilité de puiser dans une épargne disponible ou le fait d'être locataire. Le fait d'être propriétaire diminue le risque d'être pauvre mais dans une proportion moindre que le fait de détenir une épargne liquide.

La détention d'un bien immobilier joue un rôle dans les inégalités

La détention d'un bien immobilier et, dans une moindre mesure, d'un capital financier ont par ailleurs joué un rôle prépondérant dans le creusement des inégalités de patrimoine. Entre 1998 et 2010, la masse de patrimoine total - immobilier, professionnel, financier, objets de valeur et biens durables - détenue par les ménages a été multipliée par 2,3. Le patrimoine immobilier, essentiellement détenu par les ménages propriétaires, a augmenté de 156% et la masse des actifs financiers de 67%. En 2010, la masse de patrimoine détenue par les 10% des ménages les mieux dotés était supérieure de 131% à celle détenue par leurs homologues en 1998, quand celle des 10% les moins fortunés n'a progressé que de 20%.
L'Insee relève aussi de très grandes disparités parmi les plus riches : 1,0% des ménages concentrent à eux seuls 19% du patrimoine net, après prise en compte de l'endettement.

La Rédaction, avec Reuters