"Le risque, c'est l'explosion sociale": Manuel Valls affirme qu'"il faut un accord politique pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie"

Un an après les émeutes en Nouvelle-Calédonie et en plein blocage politique dans l'archipel, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, affirme que sans accord sur son avenir institutionnel, "le risque, c'est l'explosion sociale, économique, et de violences de nouveau en Nouvelle-Calédonie".
"Il n'y a pas d'autre solution que d'essayer de trouver une solution entre l'aspiration à la pleine souveraineté, l'indépendance, et l'aspiration à rester dans la République", a déclaré le ministre sur RMC-BFMTV ce jeudi 5 juin. "Ces deux aspirations sont légitimes, mais il faut essayer de trouver une voie", a-t-il ajouté.
Manuel Valls a mené en vain début mai trois jours de négociations dans un hôtel de Deva, à Bourail (centre de l'archipel), pour mettre indépendantistes et non-indépendantistes d'accord sur un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie, frappée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et des milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise économique et sociale aiguë.
"Sans stabilité dans la durée, il est très difficile d'investir dans l'économie calédonienne", a souligné Manuel Valls ce jeudi.
Le dialogue a "en partie échoué"
Les émeutes, les plus violentes depuis les années 1980, étaient survenues le 13 mai 2024 sur fond de mobilisation contre un projet d'élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien, contesté par les indépendantistes qui accusaient l'exécutif français de vouloir minorer la population autochtone kanak.
Depuis 2007, le gel du corps électoral exclut des élections provinciales la plupart des personnes arrivées en Nouvelle-Calédonie après novembre 1998, date de la ratification des accords de Nouméa. Depuis le dernier référendum d'autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique est figée dans l'archipel.
Le dialogue que Manuel Valls a tenté de mettre en place lors des pourparlers de Deva début mai "a en partie échoué", a-t-il reconnu sur RMC-BFMTV. La frange dure des non-indépendantistes, dont fait partie Nicolas Metzdorf, a estimé que le projet de "souveraineté avec la France" présenté par Manuel Valls, qui prévoyait une "double nationalité, française de droit et calédonienne", ainsi qu'un "transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes", équivalait à "l'indépendance" du territoire océanien.
Un accord "toujours possible"
Après cet échec, Emmanuel Macron a invité "les parties prenantes de la Nouvelle-Calédonie" à Paris à partir de la mi-juin, afin de "clarifier les sujets économiques, politiques et institutionnels en vue de parvenir à un accord partagé". Malgré cette reprise en main du dossier par le chef de l'État, Manuel Valls a déclaré que François Bayrou, Emmanuel Macron et lui-même sont "alignés" sur le fait qu'il "faut un accord politique pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie".
"Je crois qu'un accord est toujours possible", a-t-il assuré, précisant que ce rendez-vous annoncé par l'Élysée est "en train" d'être "préparé".
Sonia Backès, présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, a estimé fin mai qu'il était "dans la logique des choses que le président de la République prenne cette initiative" de relance du dialogue.
"Il n'était pas sain que la Nouvelle-Calédonie reste sur l'échec des négociations menées par Manuel Valls. Il a fait une erreur de fond: remettre en cause l'intégrité du territoire national sans l'accord du président, et une erreur de forme en proposant l'indépendance alors que les Calédoniens l'ont rejetée par trois fois. Cela donne raison à ceux qui ont organisé les actes violents de l'année dernière", a-t-elle fait valoir à l'AFP.