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Police-Justice

Le PS se veut pragmatique et "décomplexé" sur la sécurité

Après les remous internes autour de leur projet sur l'égalité réelle, les socialistes français ont affiché leur unité sur les questions de sécurité, terrain de prédilection de Nicolas Sarkozy. /Photo prise le 16 janvier 2010/REUTERS/Régis Duvignau

Après les remous internes autour de leur projet sur l'égalité réelle, les socialistes français ont affiché leur unité sur les questions de sécurité, terrain de prédilection de Nicolas Sarkozy. /Photo prise le 16 janvier 2010/REUTERS/Régis Duvignau - -

PARIS (Reuters) - Après les remous internes autour de leur projet sur l'égalité réelle, les socialistes français ont affiché mercredi leur unité sur...

PARIS (Reuters) - Après les remous internes autour de leur projet sur l'égalité réelle, les socialistes français ont affiché mercredi leur unité sur les questions de sécurité, terrain de prédilection de Nicolas Sarkozy.

Assurant avoir réconcilié les partisans de la prévention et de la sanction, ils défendent une position pragmatique et "décomplexée" dans un domaine qui leur a joué des tours lors des deux dernières élections présidentielles.

"Il faut avoir l'honnêteté de dire que la mesure magique n'existe pas", souligne dans Le Monde le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, qui récuse tout procès en angélisme.

"Au plan national, la gauche est souvent caricaturée sur ce sujet. Sans doute n'avons nous pas dit, ni suffisamment assumé ce que nous faisons", ajoute la maire de Lille, fustigeant le "fiasco complet" de Nicolas Sarkozy ces dernières années, du ministère de l'Intérieur à l'Elysée.

Préparé par Jean-Jacques Urvoas, un partisan du directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, et le maire de Dijon, François Rebsamen, proche de François Hollande, le "pacte national de protection et de sécurité" contient 22 propositions.

On y trouve notamment le rétablissement de 5.000 postes dans la police et la gendarmerie - une mesure dont le coût n'est pas chiffré pour l'instant.

Le texte prône la sanctuarisation du budget du ministère de l'Intérieur - "quand on voit l'état de certains commissariats, on peut carrément parler de clochardisation", dénonce François Rebsamen dans Le Nouvel Observateur - et des "moyens renforcés" pour la justice.

L'appareil répressif repose sur la nécessité de rendre la justice "dans des délais raisonnables", dit le PS, qui veut sanctionner "dès le premier acte de délinquance" en développant les travaux d'intérêt général et en créant des "centres de discipline et de réinsertion" pour les multirécidivistes.

CONTRE LA "LOI DU SILENCE"

Pour Manuel Valls, qui s'exprimait sur LCP, "l'insécurité est une injustice supplémentaire. Face aux échecs de Nicolas Sarkozy, le Parti socialiste doit porter un projet décomplexé".

"Nous rétablirons l'ordre", assure François Rebsamen.

Si le coût des mesures n'est pas affiché, le PS assure avoir intégré les contraintes budgétaires nationales et évoque, pour l'instant évasiment, des "réaffectations".

Plus question de généraliser, il faut "protéger les plus vulnérables", ce qui oblige à concentrer les moyens sur la "centaine" de quartiers difficiles recensés en France et à dessiner des "zones de sécurité prioritaire".

S'ils remportent la présidentielle en 2012, les socialistes remettront au goût du jour la "police de proximité" créée sous Lionel Jospin et supprimée par le droite.

Rebaptisée "police de quartier" ou "police de la tranquillité publique", elle doit permettre d'assurer "une présence quotidienne des forces de sécurité". Ces policiers bénéficieront d'un "encadrement renforcé, d'une formation spécifique et de mesures valorisantes" sur leurs salaires, précise le texte.

Le "pacte de sécurité" prévoit un travail en commun avec les élus locaux. Le texte prône notamment un rapport annuel du commissaire de police devant le conseil municipal.

Et, pour "briser la loi du silence" dans certains quartiers, les maires seront habilités à saisir directement la justice "au nom d'une démarche d'intérêt collectif".

L'unanimité affichée pour "restaurer la confiance" en France souffre de quelques exceptions, qui ne sont pas dénuées d'arrière-pensées stratégiques à l'heure où les velléités présidentielles refont surface au PS.

Dans le projet "égalité réelle", le porte-parole du PS, Benoît Hamon, propose un système de récépissé de contrôles d'identité entre policiers et jeunes contrôlés, qui s'estiment stigmatisés. Accusant l'aile gauche du parti d'être déconnectée de la réalité, François Rebsamen a prévenu, lui, qu'il n'était "absolument pas" question de la mettre en place en 2012.

Laure Bretton, édité par Gilles Trequesser