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Police-Justice

Le parquet requiert 28 ans de réclusion criminelle à l'encontre d'Arnaud Bonnefoy, ex-policier jugé pour féminicide

Le Palais de justice de Paris, le 28 janvier 2013. (Photo d'illustration)

Le Palais de justice de Paris, le 28 janvier 2013. (Photo d'illustration) - Thomas Samson - AFP

Au troisième et dernier jour d'audience, l'avocate générale a requis une peine de 28 ans de réclusion avec une période de sûreté aux deux tiers à l'encontre d'Arnaud Bonnefoy, jugé pour le meurtre de sa compagne Amanda Glain en 2022.

Vingt-huit ans de réclusion criminelle: c'est la peine requise par le parquet ce jeudi 4 septembre à l'encontre d'Arnaud Bonnefoy. L'ancien policier est jugé depuis mardi aux assises de Paris pour "homicide par conjoint", accusé d'avoir tué sa compagne Amanda Glain, 29 ans, en l'étranglant en 2022. Le parquet a également requis une peine de sûreté aux deux tiers: si cette peine est effectivement prononcée par les jurés, cela signifie que que l'accusé devra en exécuter les deux tiers avant de faire une demande de remise en liberté.

"Comprendre Arnaud Bonnefoy, c'est comprendre ce qu'il est dans la relation. (...) Il représente le tableau clinique du violent conjugal", a notamment lancé l'avocate générale lors de ses réquisitions, pointant la jalousie extrême de l'accusé à l'égard de sa compagne. "Dans l'esprit malade d'Arnaud Bonnefoy, tout est suspect."

Pour elle, le féminicide d'Amanda Glain était "prévisible", et la volonté de tuer chez l'accusé au moment du passage à l'acte ne fait pas de doute. "Il sait que serrer ses mains autour de son cou va la tuer. (...) Il n'a pas essayé de lui porter secours."

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"Les menaces de mort annonçaient la mort"

Juste avant les réquisitions, l'avocat des parties civiles, Me Frédéric Delamea, a plaidé pendant 40 minutes malgré une extinction de voix qui le guettait depuis le début de la journée. C'est donc en chuchotant dans son micro qu'il s'est exprimé au nom des proches d'Amanda, cette jeune femme, elle, "silencieuse, parce que sa voix lui a été ôtée".

"Ils sont venus vous dire leur amour profond pour Amanda. Amanda n'est pas morte pour eux, elle est dans leur coeur, dans leur esprit", a-t-il lancé. Plus un bruit dans le public. Cette plaidoirie susurrée instaure une atmosphère particulière dans la salle d'audience.

"Celui-là", poursuit-il en désignant Arnaud Bonnefoy dans son box, "il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Eux, la perpétuité, ils l'ont déjà", a-t-il également lancé aux jurés, les invitant à prendre en compte la douleur de la famille lors du délibéré. "Nous vous laissez pas prendre au piège par celui que vous voyez. (...) Les menaces de mort annonçaient la mort."

"La peine requise est délirante", clame la défense

Derniers à plaider, les avocats de la défense d'Arnaud Bonnefoy ont brossé le portrait d'un accusé "blessé" psychologiquement, marqué dans son passé par plusieurs suicides dans son entourage, abandonné par son corps de métier alors qu'il allait mal. S'élançant la première, Me Clémentine Perros a parlé d'un homme "meurtri de savoir ce qu'il a commis a détruit une famille, son père", et qui a fait le choix de "coopérer avec la justice".

Depuis son passage à l'acte, Arnaud Bonnefoy "veut comprendre", ajoute-t-elle. "C'est un travail qui est en cours, mais il faut reconnaître que l'évolution, au bout de trois ans, est remarquable. (...) Le meurtre a fait l'effet d'un électrochoc, il a conscientisé quelque chose."

Là où l'avocat des parties civiles évoquait de possibles "mensonges" de la part d'Arnaud Bonnefoy, pour Me David Apelbaum, au contraire, "tout est clair, on sait ce qu'il s'est passé". "La peine qui vous a été requise est délirante. Je pèse mes mots", poursuit-il.

"Pour la défense, une peine supérieure à 20 ans de réclusion criminelle serait excessive", insiste-t-il.

"Durant ces trois jours, la vérité a été dite sur les circonstances du jour du décès d'Amanda Glain. J'ai été honnête par rapport à ces déclarations. C'est un acte que je regretterai toute ma vie. Mais j'ai dit la vérité sur toute cette affaire" sont les derniers mots d'Arnaud Bonnefoy et de ce procès.

Le verdict est attendu ce jeudi soir, tard. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Elisa Fernandez