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Police-Justice

Au procès d'Arnaud Bonnefoy, deux ex-compagnes livrent des témoignages accablants à propos du policier

Palais de justice de Paris. (Photo d'illustration)

Palais de justice de Paris. (Photo d'illustration) - AFP

Au deuxième jour du procès de l'ex-policier, jugé pour le meurtre de sa compagne Amanda Glain à Paris, la cour a entendu deux anciennes petites amies de l'accusé. Tour à tour, elles sont revenues sur les violences psychologiques et physiques dont elles ont été victimes de la part d'Arnaud Bonnefoy.

Lorsque Clémence* a entendu parler d'un féminicide commis par un policier en fuite, fin janvier 2022, elle a rapidement pensé à son ex-compagnon. "J'ai appelé le commissariat auquel j'avais porté plainte (contre lui, à l'époque de leur relation, NDLR), et ils m'ont confirmé que c'était bien lui", raconte-t-elle.

Elle est l'une des deux anciennes compagnes d'Arnaud Bonnefoy entendues comme témoin ce mercredi 3 septembre, au procès de l'ex-fonctionnaire de police pour le meurtre d'Amanda Glain. Deux témoignages qui ont contribué à dessiner le passé conjugal de l'accusé, un passé émaillé de violences physiques comme psychologiques à l'encontre de ses petites amies.

Sous le regard concentré du père d'Amanda Glain, suscitant parfois des hochements de tête d'approbation chez la mère de la victime, les deux jeunes femmes décrivent le climat de peur dans lequel elles vivaient lorsqu'elles étaient en couple avec Arnaud Bonnefoy.

"Avant lui, j’avais jamais connu ce que c’était d’avoir peur pour sa vie", lance Fanny*, première à témoigner.

"Un besoin de contrôle"

Fanny s'avance à la barre d'un pas prudent, angoissé. Elle s'assoit pour témoigner. Elle a rencontré Arnaud Bonnefoy lors d'une soirée, en octobre 2017. "Tu es ma femme, tu es à moi", lui aurait-il dit le même soir, après avoir seulement échangé quelques baisers. Ils noueront rapidement une relation amoureuse. Mais dès les premiers jours, le jeune homme se montre possessif et jaloux.

"Quand je ne répondais pas assez vite à des messages, il me bloquait de tous les réseaux. J’étais dans l’incompréhension, et ensuite il revenait", explique-t-elle.

Peu à peu, les mécanismes de l’emprise se mettent en place. Quand Fanny prévoit de sortir avec des amis ou de rendre visite à sa famille, il l’incite à annuler pour rester avec lui, relate la jeune femme. "C’est quelqu’un qui a besoin d’être dans le contrôle, et le fait de m’absenter le rendait malade parce qu’il avait ce besoin de tout contrôler. Il fallait que je sois toujours, toujours là, avec lui", décrit Fanny, le regard fixé sur les membres de la cour.

Bientôt arrivent des remarques sur sa façon de s'habiller, de se maquiller. Lors d'une dispute, il la menace aussi de divulguer des photos intimes. En février 2018, il découvre qu'elle a échangé des messages avec d'autres garçons et entre dans une "colère noire", la prenant par les épaules pour la projeter dans les escaliers, selon son témoignage.

Dans son box, l’accusé suit ces témoignages, les yeux tantôt levés sur ses anciennes compagnes, tantôt fixant le sol, la tête entre les mains.

"Cycle de la violence"

Clémence, elle, a rencontré le policier en décembre 2018. D'un ton plus assuré, droite face à la cour, elle aussi décrit la même rengaine: Arnaud Bonnefoy trouve toujours à redire sur les tenues, les fréquentations et les déplacements de ses petites amies. Comme pour Amanda Glain, comme pour Fanny qui a témoigné avant elle, leur relation est entrecoupée d'épisodes de séparation et de réconciliation, ponctuées par les crises puis les excuses d'Arnaud Bonnefoy. Un schéma qui relève du "cycle de la violence", intervient la procureure générale.

"On s’embrouillait, il s’excusait, il était adorable, et après ça recommençait", poursuit Clémence.

Au cours d'une dispute, alors que la jeune femme lui demande de sortir de chez elle, il lui donne un coup de tête "si fort qu’il s’est ouvert l’arcade", décrit-elle. En 2019, Clémence déposera une plainte, dénonçant des violences conjugales.

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Lors d'une confrontation avec son ex-compagnon, l'officier présent lui demande s'il peut la tutoyer, comme il le fait déjà avec Arnaud Bonnefoy, policier comme lui. "À ce moment-là, j'ai su que ça n'allait servir à rien." Cette plainte sera classée sans suite, à condition que le policier suive un stage de sensibilisation aux violences conjugales.

Jeudi matin, Arnaud Bonnefoy doit être interrogé sur le meurtre d'Amanda Glain ainsi que sur les 26 jours de cavale qui ont suivi les faits. Suivront les réquisitions, les plaidoiries, et enfin le verdict.

*Les prénoms ont été modifiés

Elisa Fernandez