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Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, visé par une enquête pour détournement de fonds publics

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Le ministre et ex-sénateur LR des Alpes-Maritimes est soupçonné de "détournement de fonds publics" et "prise illégale d’intérêts" par le Parquet national financier.

Le ministre des Transports, Philippe Tabarot est visé par une enquête pour "détournement de fonds publics", "prise illégale d'intérêts" et "recel des deux délits", a appris BFMTV de source judiciaire ce lundi 13 janvier, confirmant une information du Monde.

Cette enquête, ouverte par le Parquet national financier, fait suite à un signalement de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique le 29 juillet 2021.

Le ministre se dit "très serein"

"Je n'ai rien à me reprocher", a déclaré le ministre des Transports face à la presse ce lundi, "j'ai travaillé en toute transparence (...) ce travail est effectif, il est reconnu et il peut être prouvé par des centaines de personnes donc je suis très serein par rapport à ça."

"Vous imaginez bien aussi que si j'avais fait quelque chose de tellement répréhensible, je n'aurais pas été choisi pour faire partie de ce gouvernement. Donc je suis très serein sur ces questions", a ajouté Philippe Tabarot

Le ministre a ajouté être "à la disposition de qui que ce soit pour donner tous les éléments de mon travail qui a été fourni et qui je l'espère à donner un nombre de résultats dans la structure dont je m'occupais."

Une perquisition en 2022

Une perquisition avait eu lieu le 30 novembre 2022 au domicile de Philippe Tabarot, ex-sénateur des Alpes-Maritimes, et dans les locaux de la mairie du Cannet du Groupement d'intérêt public (GIP) du Cannet. L'enquête préliminaire est toujours en cours. Cette ville de 40.000 habitants a été dirigée entre 1995 et 2017 par sa soeur, la députée LR Michèle Tabarot.

Selon la déclaration d'intérêts enregistrée le 30 novembre 2020 et consultée par Le Monde, Philippe Tabarot a été directeur du GIP d'avril 2018 à juillet 2020 et a touché pour ce poste 82.473 euros net en 2019, soit près de 6.900 euros par mois.

Puis il était rémunéré 17.997 euros net entre août et novembre 2020, soit près de 4.500 euros par mois, en tant que chargé de mission de ce GIP pour le développement touristique et culturel de la ville du Cannet. Parallèlement, en 2019, il était rémunéré 15.318 euros en tant que chargé de communication de cette commune, soit 1.276 euros par mois.

Mais, selon Le Monde, la structure est déficitaire avec des revenus d'activités ne s'élevant qu'à 600.000 euros par an et un coût de fonctionnement de trois millions d'euros par an.

"Une histoire vieille de quatre ans"

À cette époque, il était également élu au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et a touché environ 40.000 euros nets par an en tant que vice-président chargé des transports entre 2015 et 2021.

Le nouveau ministre a déclaré, toujours selon le quotidien, 137.872 euros nets pour la seule année 2019.

Le nouveau ministre des Transports Philippe Tabarot, élu sénateur LR des Alpes-Maritimes en septembre 2020, est un spécialiste du secteur: il a défendu un texte pour encadrer le droit de grève dans les chemins de fer avant les Jeux olympiques, et est partisan d'une ligne dure en matière de sûreté.

Au conseil régional, ce Cannois de 54 ans avait géré le dossier de la privatisation de la ligne TER entre Marseille et Nice, dont l'exploitation avait été confiée en 2021 au groupe Transdev, au grand dam des syndicats. Il s'agissait alors d'une première en France.

"Je ne dispose d'aucune information sur le contenu de cette procédure", a réagi Philippe Tabarot dans un communiqué, évoquant une "histoire vielle de quatre ans". "Lors de premières investigations menées voilà plus de deux ans, et dont la presse s'est déjà fait l'écho, les documents ont démontré la réalité de mon travail", a ajouté le ministre des Transports, affirmant n'avoir depuis "jamais été entendu ni sollicité à cette fin par la justice".

Vincent Vantighem avec Charlotte Lesage avec AFP