BFMTV
Police-Justice

"Le harcèlement moral au travail est caractérisé": 10 mois de prison requis contre l'ex-secrétaire d'État Nathalie Elimas

Nathalie Elimas, secrétaire d’État à l'enseignement prioritaire, le 17 novembre 2021 à Paris

Nathalie Elimas, secrétaire d’État à l'enseignement prioritaire, le 17 novembre 2021 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Le ministère public a requis 10 mois de prison avec sursis à l'encontre de Nathalie Elimas, ex-secrétaire d'État chargée de l'Éducation prioritaire, jugée pour harcèlement moral.


Au terme de quatre jours de procès, le ministère public a requis jeudi 10 mois de prison avec sursis à l'encontre de Nathalie Elimas, ex-secrétaire d'État MoDem, jugée devant le tribunal correctionnel de Paris pour harcèlement moral sur des collaborateurs.

"Dans ce dossier, le harcèlement moral au travail est caractérisé", a affirmé la procureure de la République avant de rappeler la répétition avérée de reproches incessants et infondés, d'injonctions contradictoires, de surveillances, de mises au banc.

En plus de la peine de 10 mois de prison avec sursis, la magistrate a requis une amende de 10.000 euros et une peine d'inéligibilité de trois ans à l'encontre de l'ancienne ministre (2020-2022).

Trois ans d'inéligibilité

"Les plus hautes fonctions de l'État ne sont pas un blanc-seing pour malmener ses équipes", a sermonné la procureure, expliquant que Nathalie Elimas a "franchi la ligne entre la normale acceptable" dans un cabinet ministériel soumis à des pressions constantes, et le harcèlement moral.

En décembre 2021, la secrétaire d'État chargée de l'Éducation prioritaire avait fait l'objet d'une enquête administrative de l'Inspection générale de l'enseignement supérieur et de la recherche (IGESR), après des signalements internes concernant des "dysfonctionnements" relatifs "aux relations de travail".

Pour sa défense, celle qui est aujourd'hui conseillère régionale en Île-de-France, a affirmé qu'on "voulait (sa) tête" et qu'elle avait été victime d'un complot de jaloux, nommant Jean-Michel Blanquer, son ministre de tutelle ou François Bayrou, patron du MoDem.

Regardant Nathalie Elimas dans les yeux, la procureure a balayé cette thèse "pas du tout crédible". "Il y a plus facile pour se débarrasser d'un ministre que d'instrumentaliser des collaborateurs", a-t-elle fait remarquer.

"Virée comme une malpropre"

"Je ne sais pas s'il y a eu un complot ou pas. Je ne sais pas si c'est Blanquer ou Bayrou ou Castex", a avoué Me Benoit Derrieux dans sa plaidoirie. "Mais je sais que Mme Elimas a tout perdu, son emploi puisqu'elle a été virée comme une malpropre, son investiture aux législatives, sa réputation. On n'aurait pas fait ça à un poids lourd du gouvernement", a poursuivi son avocat.

Lors de cette dernière journée, comme elle l'a fait pendant toute la durée de son procès, Nathalie Elimas a nerveusement pris des notes, sans lever la tête.

À aucun moment cette dernière n'a remis en cause son comportement vis-à-vis de ses anciens collaborateurs. "Je n'ai pas entendu de regret, pas une phrase pour les victimes", a souligné la procureure.

F.B. avec AFP