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Police-Justice

Le généticien Albert Jacquard est mort

Le généticien posant dans son bureau le 18 juin 2002.

Le généticien posant dans son bureau le 18 juin 2002. - -

Le chercheur et essayiste, figure de la gauche, est décédé mercredi soir à son domicile, a expliqué son fils.

Albert Jacquard, le généticien et essayiste français, est mort mercredi soir à son domicile, a annoncé ce jeudi son fils. Ce chercheur spécialiste de la génétique des populations et connu pour ses positions humanistes, était âgé de 87 ans.

Ce polytechnicien, né le 23 décembre 1925, militant de gauche qui était président d'honneur de l'association Droit au logement (DAL), a été emporté par une forme de leucémie, a-t-il été précisé.

Les premières réactions

Cécile Duflot s'est déclarée, via son compte Twitter, "Très émue" par ce décès. "Nous sommes nombreux à rester marqués par sa vie, sa gentillesse et son oeuvre", a-t-elle réagi. La ministre a aussi invité à relire "ses bouquins dont un qui a participé de [son] engarement A toi qui n'est pas encore né."

Très émue par la mort d'Albert Jacquard. Nous sommes nombreux à rester marqués par sa vie, sa gentillesse et son oeuvre. 1/2
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) September 12, 2013

Un autre généticien, le professeur Axel Kahn, connu sur son expertise sur la bioéthique et son travail au sein du Comité consultatif national d'éthique, a également réagi. "Oui, Albert Jacquard qui vient de nous quitter, était un homme courageux et profondément bon. L'humanité des hommes était son combat", a-t-il déclaré via Twitter.

Oui, Albert Jacquard qui vient de nous quitter était un homme courageux et profondément bon. L'humanité des hommes était son combat.
— Axel Kahn (@axelkahn) September 12, 2013

Un brillant scientifique

Issu d'une famille de la bonne société lyonnaise, Albert Jacquard est reçu à Polytechnique 20 ans plus tard et entre en 1951 à la Seita (société nationale qui fabrique tabac et allumettes) pour y travailler à la mise en place d'un des premiers systèmes informatiques.

Après un bref passage au ministère de la Santé publique, il rejoint l'Institut national d'études démographiques (Ined) en 1962. Mais il approche de la quarantaine et "s'aperçoit qu'on n'est pas éternel et qu'on ne veut pas gâcher sa vie à des choses dérisoires".

Albert Jacquard part donc étudier la génétique des populations dans la prestigieuse université américaine de Stanford, puis revient à l'Ined et passe deux doctorats en génétique et biologie humaine dans la foulée.

Parallèlement à l'enseignement et son travail d'expert à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il n'aura alors de cesse de démonter les arguments prétendument scientifiques des théories racistes et sera même témoin en 1987 au procès du nazi Klaus Barbie pour crimes contre l'humanité.

Un homme engagé

Ses premiers livres, comme "Eloge de la différence: la génétique et l'homme" (1978) rencontrent un grand succès qui ne se démentira pas, même quand il dérivera vers la philosophie, la vulgarisation scientifique ou l'humanisme anti-libéral.

Car le professeur Jacquard n'aime pas le libéralisme et il sera d'ailleurs candidat aux législatives à Paris en 1986 sur une liste soutenue par divers mouvements de la gauche alternative, puis en 1999 sur la liste écologiste conduite par Daniel Cohn-Bendit (en 84e position).

Dans les années 1990, Albert Jacquard va mettre sa verve médiatique au service d'une autre cause: les mal-logés et les sans-papiers. Occupation d'un immeuble rue du Dragon en 1994, de l'Eglise Saint-Bernard en 1996... son visage de vieux faune grec devient vite aussi familier que celui de l'Abbé Pierre, Monseigneur Gaillot ou Emmanuelle Béart, ses compagnons de lutte.

D. N. avec AFP