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Police-Justice

Le coût exorbitant de la vie en prison

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La vie derrière les barreaux en France coûte très cher aux détenus. Nourriture supplémentaire, hygiène, équipements de base des cellules… tout est facturé à un prix exorbitant. Et les établissements récupèrent des marges substantielles. Enquête RMC sur des pratiques peu connues.

Certains anciens détenus n'hésitent pas à parler de véritable racket. D'autres, d'un impôt carcéral déguisé.
Si en prison les besoins de base des détenus sont gratuits, tout produit ou service supplémentaire est facturé extrêmement cher.
Deux explications à ce phénomène. Le récent passage du public au privé en matière de restauration au sein des établissements et l'absence d'une politique d'achat groupé dans les structures publiques, qui permettrait d'obtenir des prix de gros. RMC a décortiqué les différentes pratiques appliquées en France.

La bouteille de Badoit au double de son prix

Chaque établissement assure un service gratuit de restauration à l’attention des prisonniers. Mais il propose, en plus, une sorte de supérette appelée le « cantinage », pour ceux qui souhaitent acheter d’autres produits. Les détenus choisissent sur un catalogue et sont ensuite livrés. Mais depuis le passage du public au privé dans la gestion des produits alimentaires, les prix ont augmenté de 30% en moyenne.
Une bouteille de Badoit de 1.5 litres, par exemple, coûte 1.21 euros dans une prison de Picardie, contre 60 centimes dans la grande surface voisine. C’est 102% plus cher. Dans le même établissement, une tablette de Crunch au lait revient à 1.83 euros en cellule, contre 80 centimes dans les rayons. Soit 129% de plus.

Le privé surfacture et l'administration pénitentiaire prend sa part

En prison, pour avoir une plaque électrique ou un téléviseur dans sa cellule, il faut payer, c'est la règle.
Pour beaucoup, c'est le service de location de télévisions qui est à la fois le plus opaque et le plus injustifiable du point de vue des tarifs. Quelques prix: 36 euros par mois (436 euros par an) à Aix-Luynes dans les Bouches-du-Rhône; 40 euros (480 euros par an) aux Beaumettes de Marseille; 42 euros (504 euros par an) à Nice.
Le privé surfacture, mais l'administration pénitentiaire prend aussi sa part du butin carcéral. Afin de mettre fin à certains abus, le ministère de la Justice a fixé un tarif unique à compter du 1er janvier 2012 : 8 euros par mois.

A titre d'exemple, à Lons-le-Saunier (Jura), on loue un pack réfrigérateur/plaque de cuisson/télévision pour 198 euros par an. A l'achat, ces trois appareils valent 252 euros. Chaque euro versé devient donc un bénéfice pour l'établissement à partir de la deuxième année.

314 euros par mois pour un temps plein

Le droit du Travail n’entre pas dans le pénitencier, c'est une autre des règles carcérales. Pas de salaire minimal, ni de système de cotisation de retraite spécifique. Travailler en prison n'est pas une obligation; en France, seul un détenu sur quatre travaille. Il s’agit essentiellement de métiers simples: manutention, ménage, petite manufacture, etc. Le salaire mensuel moyen par détenu s’élève à 314 euros pour un emploi à temps plein (contre un salaire de 1.560 euros environ pour un employé moyen en France, selon l’INSEE).

La Rédaction et H. Perrier