La fraude à la carte bancaire en hausse

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La fraude à la carte bancaire est en hausse, pour la quatrième année consécutive. En 2011, elle a grimpé de 44 millions d’euros par rapport à 2010. Ces fraudes ont coûté au total 413,2 millions d'euros. Ce qui fait grimper les chiffres, ce sont les achats par Internet : la fraude sur les paiements à distance a bondi de 22%.
Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a appelé les commerçants à renforcer leurs dispositifs de sécurité. Le plus connu d'entre eux est appelé 3D Secure. Il oblige l'acheteur, pour valider un achat, à indiquer un code à usage unique envoyé par sa banque sur son téléphone mobile. Mais, consolation : au total, le taux de fraude en France reste quand même globalement très faible : 0,077% des paiements pour un montant de 413 millions d'euros.
« Ça m’a servi de leçon : j’achète moins sur Internet »
En janvier dernier, Rym achète des places de spectacle sur Internet. Le site n'est pas sécurisé. « Quelques jours plus tard, je me suis rendu compte qu’il manquait plus de 600 euros sur mon compte pour des achats effectués en Chine. » Sa banque lui remboursera l'intégralité du préjudice, comme la loi l'impose. Mais Rym est encore méfiante : « Ça m’a servi de leçon, j’essaie de faire attention à ce que soit précisé "site sécurisé", de bien voir le petit cadenas. Et j’achète un peu moins sur Internet ».
« Les banques traînent des pieds pour indemniser les victimes »
Serge Maitre est le président de l'Association Française des Usagers des Banques (AFUB). « 15% des plaintes que nous recevons actuellement sont liées aux fraudes à la carte bleue, parce que les banques traînent des pieds pour indemniser les victimes. La fraude explose, et les banques ont du mal à faire face à cette augmentation catastrophique. Il faut rappeler que les banques ont l’obligation, depuis une ordonnance du 15 janvier 2009, de rembourser toutes les fraudes dénoncées par leurs clients, et ceci immédiatement. C'est une situation qui est des plus préoccupantes. »
« Bien lire ses relevés de compte »
Comment éviter d'être victime d'une telle fraude ? « Le premier réflexe consiste à bien lire ses relevés bancaires, pour vérifier si toutes les opérations débitées sont bien des opérations qu’on a faites soi-même », explique Serge Maitre. « Et si l’on constate qu’il y a des opérations qu’on n’a pas faites, ne pas hésiter, exiger le remboursement auprès de sa banque. Une loi oblige la banque à rembourser immédiatement les fraudes dont on est victime. »
« En cas de doute, on vérifie la bonne foi des clients »
Si la vigilance est de rigueur pour les particuliers, les commerces en ligne aussi veillent à ne pas être victime de détournements. Vanessa Genin est porte-parole du site Spartoo.com, un site européen de vente de chaussures et de sacs en ligne. Elle explique comment l'entreprise se protège de la fraude : « On observe des signaux qui nous disent que cela peut être un fraudeur potentiel. Ces commandes sortent alors du système de processus de validation automatique, et elles sont validées par nos soins, à la main, après vérification. On appelle les clients en question, pour vérifier qu’ils sont bien les propriétaires de la carte, on discute avec eux, on vérifie leur bonne foi. »
Mais tous les commerces en ligne ne peuvent pas toujours se permettre un tel processus : « On a une taille suffisamment grande pour mettre des gens derrière pour s’en occuper. C’est sûr que pour un citycommerce géré par une à trois personnes, ça va être plus difficile de mettre ce système en place », admet Vanessa Genin.