BFMTV
Police-Justice

"L’utilisation d’une matraque comme ça, c’est un viol", tranche Me Dupond-Moretti

placeholder video
La "police des polices" privilégie la thèse de l'accident dans l'enquête sur l'interpellation musclée d'un jeune homme jeudi dernier à Aulnay-sous-Bois. Pour l'avocat de Théo, la publication de ces informations n'est pas un élément nouveau et appelle à la prudence.

"On raconte que le rapport de l’IGPN (l'Inspection générale de la police nationale, NDLR) dit que c’est un accident, ce n’est pas tout à fait ça, l’histoire." Me Eric Dupond-Moretti, l'avocat de Théo, le jeune homme qui accuse des policiers de l'avoir violé, tient sur BFMTV à faire une mise au point franche: les premières conclusions de la "police des polices" ne sont pas des éléments nouveaux. 

Ce jeudi, ces premières conclusions ont été rendues publiques. Elles font état du caractère "gravissime" de la blessure du jeune homme de 22 ans, mais doute du caractère intentionnel du geste porté par le policier. Ainsi, l'IGPN privilégie la thèse de l'accident dans cette affaire qui a conduit à l'hospitalisation de Théo après l'interpellation musclée dont il a fait l'objet.

"Il n’y a pas d’éléments nouveaux, tranche Me Dupond-Moretti. Vous imaginez bien que le policier ne va pas dire ‘oui j’avais l’intention de le violer’. Mais l’utilisation d’une matraque comme ça c’est un viol."

"Ne pas déchaîner les passions"

L'avocat balaie d'un revers la question de l'intentionnalité pour qualifier ou non les faits de viol. "Je soutiens que l’introduction d’un objet dans le sexe ou dans l’anus, c’est une qualification de viol, martèle l'avocat. Sinon avis aux amateurs: les gens qui vont se servir d’un objet, il leur suffira de dire ‘on n’avait pas l’intention sexuelle’ pour que ce soit des violences. Ce n’est pas comme ça que ça marche."

"Théo, lui, il sait qu’il a été violé et il le ressent comme un viol, poursuit Me Dupond-Moretti. L’intromission d’une matraque par effraction dans ces conditions c’est un viol."

Défendant la version de son client, l'avocat appelle "à se méfier de la surenchère" après la publication des premières conclusions de l'IGPN. "Il y a des événements tous les soirs qu’on déplore tous, ce n’est pas la peine de donner là-dedans, déplore-t-il. Il faut laisser la justice suivre son cours. Ce n’est pas la peine de déchaîner les passions."

L'appel au calme a été une nouvelle fois relayé par la famille de Théo, la victime de 22 ans. "Je ne vais pas me prononcer parce que si je donnais mon sentiment aujourd'hui, ça donnerait peut-être des réactions à gauche et à droite que l'on ne pourrait pas maîtriser ", a confié à BFMTV Michaël, le frère de Théo. Et de conclure: "La justice s'est saisie de l'affaire et il faut la laisser faire son travail. Attendons les réponses de la justice."

Justine Chevalier