L'homme soupçonné d'avoir tué un prêtre dans l'Oise mis en examen pour meurtre aggravé

Un jeune homme de 19 ans soupçonné d'avoir tué le prêtre Roger Matassoli à Agnetz (Oise) début novembre a été mis en examen jeudi pour meurtre aggravé. Photo d'illustration - Charly Triballeau / AFP - -
Alexandre V. avait été interpellé le 4 novembre au volant du véhicule du prêtre par la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), puis placé en garde à vue pour des faits, initialement, de conduite sans permis et de rébellion.
Le père du jeune homme, informé que son fils conduisait le véhicule du prêtre de 90 ans, s'était alors rendu au domicile de ce dernier, à Ronquerolles, un hameau de la commune d'Agnetz, et avait découvert son cadavre.
Mais le suspect avait rapidement été hospitalisé sous contrainte "en raison de son état de santé psychiatrique".
Placé en détention provisoire
Ce jeudi 26 décembre -à la suite d'un réquisitoire supplétif du parquet- Alexandre V. a "été à nouveau placé en garde à vue", puis mis en examen pour "meurtre aggravé par la commission concomitante d'un autre crime et d'actes de torture et de barbarie" ainsi que pour "violences sur ascendant", "vol, rébellion et conduite sans permis", a déclaré le procureur de Senlis Jean-Baptiste Bladier dans un communiqué. Le jeune homme a été placé en détention provisoire.
"Lors de son audition par le magistrat instructeur, l'intéressé a exercé son droit au silence. En présence des enquêteurs, il avait indiqué n'avoir aucun souvenir du jour des faits", a précisé le procureur.
L'avocate d'Alexandre V., Me Caty Richard, a immédiatement dénoncé un "scandale judiciaire et humain", "sans respect du droit des justiciables" et "des malades". "Hospitalisé à la demande du Préfet", le jeune homme "devait être transféré (...) dans une unité psychiatrique plus adaptée à sa pathologie le 8 janvier" mais "cette nouvelle a motivé le juge d'instruction à ordonner qu'Alexandre lui soit présenté aujourd'hui, au sein de l'hôpital psychiatrique, pour le mettre en examen", regrette-t-elle dans un communiqué, déplorant aussi les motivations "fallacieuses" de son incarcération.
"Ce soir, on a passé aux poignets d'Alexandre des menottes (...) C'est méconnaître la souffrance et les conséquences des troubles psychiatriques dont il est atteint: s'il était hospitalisé sous perfusion avec une pathologie 'visible', il n'aurait pas été arraché aux soins", a-t-elle jugé.
L'autopsie du prêtre, réalisée le 5 novembre, avait conclu à un décès par asphyxie et à la présence de traces de coups portés à l'abdomen, au crâne et au visage.
Alexandre V. "voyait régulièrement" le prêtre
Ce jour là, Mgr Jacques Benoît-Gonnin, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, avait adressé un communiqué après que la presse locale eut "fait écho d'une plainte à l'encontre de l'abbé Roger Matassoli pour des comportements inappropriés sur mineur, commis il y a plusieurs dizaines d'années".
"Depuis 2009 -et l'audition d'une possible victime par le diocèse, puis la plainte d'une autre au civil- l'abbé Matassoli n'avait plus de charges paroissiales", avait-il alors indiqué. Selon le diocèse, deux autres personnes se sont "manifestées" auprès des services dans le mois suivant l'annonce de sa mort.
Selon l'avocate du suspect, Me Caty Richard, Alexandre V. "voyait régulièrement" le prêtre et avait déjà fait "des ménages" rémunérés chez lui "en tenue inappropriée".