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Police-Justice

L’ex "star" des ostéo condamné à 8 ans de prison pour viols

Pierre Pallardy, accusé de viols et agressions sexuelles au début de son procès au tribunal de Bobigny.

Pierre Pallardy, accusé de viols et agressions sexuelles au début de son procès au tribunal de Bobigny. - Patrick Kovarik - AFP

Pierre Pallardy, un ex-ostéopathe en vue dans les années 1980, a été condamné à huit ans de prison par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis où il était jugé en appel pour viols et agressions sexuelles sur d’anciennes patientes.

Pendant les trois semaines de son procès en appel, Pierre Pallardy n’a cessé de clamer son innocence. L’ancienne "star" des ostéopathes des années 1980 est jugé en appel devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis. Douze de ses anciennes patientes l’accusent de viols ou d’agressions sexuelles, des faits qui remontent au début des années 2000.

Pour ces faits, la cour d'assises a condamné à huit ans de prison l'homme. Cette condamnation est assortie d'une interdiction définitive d'exercer. Après douze heures de délibéré, la cour a été plus clémente que le parquet général qui avait requis douze ans de réclusion criminelle.

"Pervers accompli" pour ses accusatrices, soignant à la technique mal comprise, selon lui, le praticien âgé de 74 ans avait été condamné à dix ans de prison en 2013. Une décision dont il avait fait appel. Douze ans de réclusion criminelle ont été requis à son encontre, ainsi qu'une interdiction totale d'exercer sa profession. Incarcéré après son premier procès, il avait pu être libéré en février 2014 après avoir versé 150.000 euros de caution.

"Un prédateur sexuel" pour l'avocat général

Le qualifiant de "prédateur sexuel" et de "violeur en série", l'avocat général reproche à l'ancien fringuant ostéopathe, aujourd'hui septuagénaire aux allures de retraité, d'avoir eu "ce comportement tout au long de sa carrière".

"Son arme, c'était l'emprise, celle du soignant qui va faire des miracles", a-t-elle estimé. Jeudi matin, la voix étranglée, vêtu d'une polaire bleu marine et d'un pantalon en toile, Pierre Pallardy s'est avancé devant les jurés pour remercier son avocat, sa famille, ses amis. Derrière lui, son épouse, avec qui il avait partagé en 1981 la couverture du magazine Elle sous le titre "Le couple idéal de la santé".

Depuis le début du procès il y a près de trois semaines, l'auteur de best-sellers sur le bien-être, qui courait les plateaux de télévision dans les années 1980 et 1990, invoque une mauvaise interprétation de certains de ses "gestes thérapeutiques". L’ancien praticien qui exerçait dans un cabinet du chic XVIe arrondissement de Paris se décrit comme l'inventeur d'une technique manuelle "puissante" mais qui peut faire ressurgir de douloureux souvenirs. "J'ai violé mais jamais physiquement", a déclaré l'ostéopathe lors de son procès. "Je reconnais que j'étais trop directif, je les ai sans doute heurtées psychologiquement, car je suis autoritaire, mais jamais agressé sexuellement"

Pas de plainte avant les années 2000

Son avocat, Luc Brossollet a tenté de démontrer qu'il n'y avait "pas eu de viols", l'accusé souffrant "d'érections molles insuffisantes pour une pénétration complète", selon un rapport d'expert. En "40 ans d'exercice, il n'y avait jamais eu avant de plainte, d'appel au secours ou de signalement à d'autres médecins", a aussi plaidé son conseil. 

"En dix ans, la méthode de défense Pallardy n'a pas varié. Vous faites passer ces femmes pour des menteuses, des affabulatrices, des hystériques...", a regretté lors des débats Karine Bourdié, avocate d'une ancienne patiente. "Vous dites: ‘je ne visais pas le sexe, mais le plexus de l'utérus. Le clitoris? C'est les mains qui se sont égarées. Les baisers? C'était pour se dire au revoir’. Vous avez réponse à tout, mais s'il y a un menteur ici, c'est vous", a-t-elle lancé à l'accusé. 

Les patientes "sous emprise"

A la barre, les victimes ont raconté tout au long du procès les "seins malaxés", les "baisers dans le cou" et les "pénétrations". En première instance, elles avaient déjà décrit le même scénario, Pierre Pallardy leur pratiquait un douloureux massage du ventre qui les laissaient sonnées et "sous emprise". Elles ont expliqué comment elles s'étaient jetées "dans le gueule du loup", espérant un miracle des consultations à 120 euros du praticien qui, par le passé, avait soigné Picasso, César, Joseph Kessel ou encore Marcel Dassault.

Accusé de sept viols et 12 agressions sexuelles, Pierre Pallardy avait été reconnu coupable en 2013 de cinq viols et sept agressions sexuelles. Selon l'avocat général, malgré trois semaines d'un nouveau procès, "sa part d'ombre est restée intacte". 

C. B avec AFP