Joué-lès-Tours: la police décrit "une scène très délicate"

Une enquête est en cours pour déterminer la responsabilité des deux policiers dans l'interpellation musclée de Joué-lès-Tours (Photo d'illustration). - -
La publication sur Youtube d’une vidéo montrant une interpellation musclée à Joué-lès-Tours dimanche fait polémique. Les policiers ont-ils commis une bavure? Si les images permettent de distinguer un policier utilisant sa matraque sur une femme, la qualité de la vidéo est remise en cause par les forces de l'ordre.
"Ces images ne montrent pas l’intégralité de l’interpellation", se défend Christophe Crépin, du syndicat de police Unsa, joint par BFMTV.com. Son collègue David Debono, responsable SGP-FO dans le Centre, confirme que "des scènes ont été coupées."
L'auteur des images, Sélim Brisset, affirme de son côté avoir vu un policier "s'énerver et crier 'ah, si j'avais pu'. Il avait une bouteille, il s'est énervé et l'a cassée en disant 'de toute façon, c'est toujours les mêmes'. Cela m'a choqué, surtout de la part d'un policier. Ils n'ont pas à faire ça: pour moi, c'est de la maltraitance." Un comportement que le jeune homme dit oberver "souvent" dans le quartier: "ils titillent et poussent les gens à bout."
"Trois fois sur quatre, ça se passe mal"
De leur côté, c'est une scène "très délicate, avec beaucoup d’adrénaline" que décrivent les policiers. "Nos deux collègues ont remarqué un véhicule qui ne roulait pas normalement. Ils ont donc voulu intervenir, mais le conducteur, en état d'ivresse, faisait mine de ne pas s'arrêter", explique David Debono. "Il a ensuite tout fait pour ne pas être menotté. Les deux policiers présents se sont retrouvés au sol avec lui. Ils étaient deux contre sept personnes dans le véhicule."
"Lorsque le conducteur a été finalement interpellé, une femme est revenue à la charge et a mordu à quatre reprises l'un de mes collègues", poursuit David Debono. La femme a été interpellée, et le conducteur, qui avait également tenté de subtiliser l'arme d'un des deux policiers, a été écroué à la maison d'arrêt de Tours.
Une enquête ouverte
Une enquête administrative a été ouverte et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie. Mardi après-midi, c'est le procureur de Tours qui a décidé à son tour d'ouvrir une enquête préliminaire, également confiée à l'IGPN.
S’il s’avère que les deux policiers portent des responsabilités, ils risquent deux types de sanctions, selon David Debono: "au niveau administratif, ils peuvent recevoir un avertissement, un blâme, voire passer en conseil de discipline. Au niveau pénal, le procureur peut par exemple ouvrir une information judiciaire." Mais pas question d’être trop affirmatif pour l’instant: "l’enquête est en cours, et il faut désormais attendre les résultats", rappelle-t-il.
Quant au policier blessé, "il est extrêmement choqué", affirme David Debono. "Psychologiquement, il n’est pas en état de reprendre le travail". Et le responsable syndical de souligner les conditions de travail "de plus en plus difficiles", notamment sur ce genre de contrôles: "lorsque les personnes sont ivres ou sous l’emprise de stupéfiants", elles se rebellent et trois fois sur quatre, ça se passe mal".