Après Colonna, Jean Castex lève le statut de "détenu particulièrement signalé" de Ferrandi et Alessandri

Alain Ferrandi (à gauche) et Pierre Alessandri (à droite) ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat de Claude Erignac en février 1998. - AFP
Un geste d'apaisement alors que les tensions sont vives en Corse. Le Premier ministre vient de décider la radiation du répertoire des "détenus particulièrement signalés" d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri, les deux autres membres du commando qui a assassiné le préfet Erignac en février 1998. Une levée de ce statut "sans délai".
Les deux détenus, condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en 1999, comme Yvan Colonna, réclamaient depuis des années la levée de ce statut qui empêchait notamment leur transfèrement dans la prison de Borgo en Corse où ils souhaitent purger leur peine. Le centre pénitentiaire de l'île ne pouvant accueillir les détenus DPS, leur transfert restait impossible.
"Anormalité"
Le statut de "détenu particulièrement signalé" implique une surveillance renforcée de ces détenus. Ils sont seul en cellule, cellule qui doit se situer à proximité du poste de garde. Leurs déplacements à l'intérieur de la prison sont systématiquement accompagnés et les escortes renforcées à l'extérieur. L'établissement doit être équipé d'un système de vidéosurveillance pour filmer tous les lieux collectifs.
Depuis plusieurs années, Yvan Colonna, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri demandaient la levée de ce statut renouvelé chaque année par décision gouvernementale. Les critères d'inscription au répertoire DPS dépendent du comportement du détenu en détention mais aussi du risque d'évasion qu'il représente ou du risque de trouble à l'ordre public. Pendant plusieurs années consécutives, une commission locale s'était prononcée en faveur de la levée de ce statut pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.
"C’est le droit qui s’applique enfin et tant mieux, la situation qu’on connaissait était l’anormalité, a réagi sur BFMTV Gilles Siméoni, président du conseil exécutif corse. Aujourd'hui, la moitié du chemin est fait."
Colère en Corse
Mardi soir, Matignon avait annoncé la radiation d'Yvan Colonna du répertoire DPS "pour des raisons humaines" alors que le militant indépendantiste se trouve toujours entre la vie et la mort après avoir été étranglé puis étouffé par un détenu radicalisé, Franck Elong Abé. Cette annonce avait été mal accueilli par la famille qui détenu qui s'étonnait qu'on lève ce statut "pour un homme cloué dans un lit d'hôpital".
L'agression d'Yvan Colonna à la prison d'Arles a ravivé la colère des Corses. Depuis le 2 mars, des manifestations sont organisées, émaillées par des heurts et de nombreuses violences. De nombreuses voix s'interrogent sur le déroulement de cette violence agression de huit minutes, sur la possibilité à deux détenus DPS de rester seuls pendant ce délai. De nombreuses voix estiment surtout que ces faits ne se seraient pas produits si le berger de Cargèse avait été transféré en Corse. Parmi les mots d'ordre figurait la levée du statut de DPS.