"Je priais pour ne pas recevoir de balle": le témoignage d'une ado de 16 ans, victime collatérale d'une fusillade

Une adolescente a été blessée par un tir perdu la semaine dernière à Echirolles. - Googlemap
Elle est ce qu’on appelle une victime collatérale. Une adolescente de 16 ans a été blessée par balle à la jambe, prise dans une fusillade près d’un point de deal, dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 janvier à Échirolles (Isère). Zora* a accepté de s'exprimer auprès du Parisien sur le tir perdu, sa blessure, et sa vie d’après.
"Je suis une miraculée, j’en ai conscience, j’aurais pu mourir", explique la jeune adolescente encore alitée, qui revient sur la nuit du drame. Ce soir-là, Zora retrouve une amie enceinte dans le quartier de Village 2, à Échirolles. Il est un peu plus de 23h30, les deux jeunes femmes promènent leur chien quand surgissent une dizaine d’hommes.
"L'impression d'être dans un film"
"Des voitures et un homme à scooter sont arrivés. Le pilote du scooter, qui était cagoulé, a sorti son arme et a tiré directement partout", relate l’adolescente de 16 ans au Parisien. Elle sent alors une balle "taper", selon ses mots, dans sa jambe droite.
"J’avais l’impression d’être dans un film. On ne se dit pas qu’une chose pareille peut arriver dans la vraie vie", poursuit Zora. Sportive, elle parvient à prendre la fuite. "Je ne pensais qu’à courir, courir", explique-t-elle.
"L’homme continuait à tirer. Je priais pour ne pas recevoir une balle dans le dos, dans la tête."
Pour tenir, elle se dit qu’elle ne mérite pas de mourir à seulement 16 ans. Zora, qui connaît son quartier, parvient à se frayer un chemin dans un petit passage enherbé où elle se cache. Sa cuisse la fait souffrir, mais elle "ne veut pas regarder la blessure". Son amie la place alors sur un banc, la tient éveillée puis appelle les pompiers. Les parents de Zora se rendent dans l’urgence sur place.
"J'ai eu peur de la perdre"
Zora est transportée à l’hôpital et opérée: 18 points de suture. "Mais les médecins n’ont pas pu retirer la balle. C’était trop dangereux, car elle est trop profonde", explique l’adolescente, marquée à vie par cette soirée de janvier 2025. Cette balle logée dans sa cuisse "forcément ça va me rappeler cette soirée où on m’a tiré dessus", poursuit-elle.
Joueuse de foot, l’adolescente espère aussi pouvoir enfiler à nouveau les crampons. Zora souhaite marquer l’esprit du football féminin français, "je rêve de jouer dans un grand club". La balle perdue l’inquiète. Ses médecins se veulent plus rassurants. "Selon eux, je pourrai reprendre dans deux mois", confie l’adolescente, qui veut à présent que "justice soit faite". "Je n’avais rien à voir avec la fusillade", ajoute Zora.
Le père de la jeune fille, lui, attend des autorités qu’elles "fassent quelque chose". "La maire demande la création d’un vrai poste de police à Échirolles et elle n’est pas entendue. Ce n’est pas normal", relève le père de famille. "J’ai eu peur de la perdre."
*Le prénom a été modifié