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"Je ne veux plus m'exprimer": Salah Abdeslam fait usage de son droit au silence sur la préparation des attentats

Salah Abdeslam lors de son audition devant la cour d'assises spéciale qui juge les attentats du 13-Novembre le 15 mars 2022.

Salah Abdeslam lors de son audition devant la cour d'assises spéciale qui juge les attentats du 13-Novembre le 15 mars 2022. - Benoit Peyrucq

Salah Abdeslam a fait usage de son droit au silence lors de son interrogatoire par la cour d'assises spéciale de Paris qui souhaitait l'entendre sur les derniers préparatifs des attentats et sur la soirée du 13 novembre 2015.

"Voilà encore une question sans réponse..." Sans conviction, le président de la cour d'assises spéciale de Paris énonce à haute voix ses interrogations sur les derniers préparatifs des attentats du 13-Novembre et sur cette soirée funeste. Face à lui, un accusé muet. Salah Abdeslam, dont l'interrogatoire sur ces faits était prévu ce mercredi, a indiqué vouloir faire usage de son droit au silence.

Devant une salle d'audience davantage remplie qu'habituellement, l'accusé se lève dans le box des accusés au tout début de l'audience. Il enlève son masque. Puis juste après que Jean-Louis Périès lui pose sa première question, Salah Abdeslam, polo noir, déclare:

"M. le président, messieurs et mesdames de la cour, bonjour à tous. Aujourd'hui je souhaite faire usage de mon droit au silence."

"Je n'arrive plus"

Accueillie avec stupéfaction, partagée par le président de la cour, la déclaration de Salah Abdeslam ce mercredi n'était absolument pas attendue. "C'est votre droit mais ce n'était pas prévu, note le magistrat. Je me permets d'insister c'est important pour tout le monde." Ce dernier lui fait remarquer que cette position pourrait être perçue comme une nouvelle provocation et "être mal interprétée". Jean-Louis Périès lui rappelle qu'il disait "faire de son mieux" pour les victimes. Il note aussi que la veille Mohamed Abrini lui a offert la possibilité de se dédouaner en assurant qu'il l'avait remplacé au pied levé.

L'accusé "insiste aussi", il ne s'exprimera pas aujourd'hui, contrairement aux derniers interrogatoires ces dernières semaines.

"J'ai fourni des efforts, j'ai gardé le silence pendant six années et ce n'était pas facile, c'était la position que je voulais adopter, mais j'ai changé d'avis. J'ai dis des choses, je me suis exprimé à l'égard des victimes, avec respect et je ne veux plus m'exprimer. Je n'arrive plus. C'est un droit, j'ai beaucoup de raisons et c'est pour ne pas être qualifié de provocateur que je ne veux pas m'exprimer."

Assis dans le box, le regard fixe droit devant lui, Salah Abdeslam écoute, imperturbable, la longue série de questions qu'aurait souhaité lui poser la cour. D'où venait l'argent versé sur son compte juste avant les attentats? Avait-il rencontré Abdelhamid Abaaoud au mois de septembre 2015 comme Mohamed Abrini? Quel est son rôle dans la location des planques des terroristes à Bobigny et à Alfortville? Quel était son état d'esprit lorsqu'il voit sa petite-amie à la veille des attaques?

"Une réponse?", tente le président. "Pas de réponse...", note le magistrat laconiquement.

"Pas de réponse"

Jean-Louis Périès rappelle que les questions étaient nombreuses. Pourquoi la voiture dans laquelle Salah Abdeslam a convoyé les terroristes du Stade de France a été localisée en fin de journée le 13 novembre 2015 au Terminal 2C de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle? "Un peu plus tard, vous êtes dans le XVIIIe arrondissement, où vous laissez votre Renault Clio. Pourquoi si vous avez renoncé à actionner votre ceinture explosive, aller dans le XVIIIe arrondissement alors que vous êtes au nord de la région de paris. Il aurait été plus simple de repartir vers la Belgique?"

"N'était-il pas votre projet d'actionner votre ceinture explosive dans le métro ou dans un autre établissement comme votre frère? Que savez vous ce qu'avaient fait les autres?", questionne encore le président de la cour d'assises.

Lors d'un interrogatoire en février dernier, Salah Abdeslam a admis avoir fait "marche arrière" le soir du 13 novembre 2015. Les questions étaient donc nombreuses. Il faudra que la cour se résigne, Salah Abdeslam ne répondra cette fois-ci à aucune question. "On va être obligé de trouver des réponses", résume le magistrat.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV