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"Je me suis dit 'tu vas mourir'": Sabrina, victime de Jacques Rançon, témoigne sur BFMTV

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Sabrina, l'une des victimes de Jacques Rançon, a accepté de raconter son histoire à BFMTV, alors que le verdict du procès du "tueur de la gare de Perpignan" est attendu ce lundi.

Ses larmes et ses hurlements avaient raisonné dans la salle d'audience, le 15 mars dernier. Ce jour-là, Sabrina, l'une des victimes de Jacques Rançon, qui avait croisé sa route un soir de mars 1998, avait raconté le calvaire que lui avait infligé le "tueur de la gare de Perpignan", ce cariste-magasinier de 58 ans jugé pour avoir violé, tué et mutilé deux femmes, tenté de violer une autre, et laissé Sabrina pour morte.

La jeune femme avait évoqué pendant 50 minutes, devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales, son agression, le traumatisme qui s'en est suivi, mais aussi la haine, ainsi que les séquelles physiques et psychologiques. De ce déferlement de violence, Sabrina garde en effet une cicatrice de 32 centimètres, sur le ventre. Alors que le verdict est attendu ce lundi, à l'issue de trois semaines de procès, BFMTV a pu recueillir le témoignage de Sabrina.

"Pourquoi moi?"

La jeune femme attendait son ex-petit ami sous un porche, ce soir du 9 mars 1998, lorsque Jacques Rançon l'avait repéré en passant en voiture. Le tueur était ensuite revenu à pied, avant d'engager la conversation puis de commettre l'agression. 

"Je me suis toujours demandée 'pourquoi?'. 'Pourquoi moi?' ce soir là", s'interroge Sabrina, avant de raconter le "regard sadique" qu'avait Jacques Rançon, lorsqu'il l'a abordée.

"Quand il a engagé la conversation, c'est comme s'il me faisait l'amour quand il me regardait. C'est à ce moment que je me suis dit: 'il te regarde trop vicieusement, fait attention'". L'homme feint de tomber, Sabrina l'aide. 

"Il a mis sa main sur ma bouche et il m'a dit 'Je vais te tuer'"

C'est à ce moment là qu'elle reçoit un premier coup de couteau. Devant la cour, la jeune femme avait dit entendre le bruit de la perforation de sa peau, et avoir vu de la "satisfaction" dans les yeux de son agresseur.

"J'ai eu le réflexe de me retourner pour éviter qu'il se mette derrière moi. Je me suis retournée et là il m'a enjambée. J'ai eu le réflexe de mettre mon pied. Mais avant que je réussisse à le faire, il m'avait déjà éventrée. Je criais tellement fort. A un moment, il a mis sa main sur ma bouche et il m'a dit 'Je vais te tuer'. J'ai crié tellement fort, j'ai l'impression que ça a duré des siècles, c'était tellement long", raconte à BFMTV la jeune femme, aujourd'hui âgée de 39 ans. "Je commençais à partir et je n'arrivais plus à crier. J'ai eu des flash dans ma tête. J'ai pensé à ma mère, à mes frères et soeurs. Je me suis dit 'Sabrina ça y'est, tu vas mourir, tu es morte'", se souvient-elle encore.

Sabrina doit sa survie à sa voisine. Face à la cour, cette dernière a témoigné des hurlements de la victime, identiques à "des cris d'animaux". "C'est à ce moment là que ma voisine d'en face, que je remercie énormément, qui elle aussi a subi un traumatisme ce soir-là, m'a sauvé la vie. Si elle n'avait pas été là, je pense que je serais morte".

A l'issue de trois semaines de procès très éprouvantes, l'avocat général Luc-André Lenormand a requis jeudi dernier la peine maximale à l'encontre de Jacques Rançon: la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

A.S. avec Mélanie Bertrand