"J'ai plus le contrôle de l'avion": les derniers échanges des pilotes diffusés au procès du Rio-Paris

4 minutes dans le cockpit du Rio-Paris. Ce lundi, au procès d'Airbus et d'Air France pour le crash du Rio-Paris en 2009, les familles des victimes pourront entendre les derniers échanges des pilotes de l'avion dans le cockpit avant l'accident.
Le 1er juin 2009, l'A330 reliant Rio de Janeiro et Paris s'abîmait dans l'Atlantique avec ses 228 occupants. Après le givrage de trois sondes Pitot qui a entraîné la déconnexion soudaine du pilote automatique, l'appareil a pris une trajectoire ascendante avant de décrocher en 4 minutes 30.
L'enregistreur récupéré en mai 2011 montre la surprise des pilotes face à l'alarme de décrochage de l'appareil. Ils pensent d'abord chuter, alors qu'ils prennent de l'altitude.
"Qu'est-ce qui se passe, bordel! Je comprends pas ce qui se passe", entend-on le copilote s'écrier.
Les pilotes sont alors rejoints par le commandant de bord, alerté par les signaux d'alerte. Celui-ci leur demande alors des explications.
"Eh, qu'est ce que vous foutez?", leur lance-t-il.
Mais le pilote et le copilote, bien loin de se douter que les données que leur transmet l'appareil sont erronées, ne savent que lui répondre.
"J'ai plus le contrôle de l'avion", s'exclame, incrédule, le pilote.
Peu à peu, malgré leurs tentatives de manoeuvres de rattrapage, ils comprennent que l'appareil va droit vers le crash.
"Je cabre... Putain, on va taper, c'est pas vrai!", crie le copilote.
La transcription des conversations, reconstituée par BFMTV, figure déjà dans le dossier. Durant l'enquête, l'analyse de l'extrait a permis de mettre en évidence l'incompréhension de l'équipage face à une situation de décrochage, juste avant l'accident. Celle-ci avait été provoquée par une réaction inadaptée à la perte des indications de vitesse, due au givrage des sondes de mesure Pitot.
Une demande des parties civiles
Cette diffusion était demandée par les parties civiles au procès, notamment l'association Entraide et Solidarité AF447, qui avait estimé via l'un des ses avocats qu'entendre la voix des pilotes était "absolument indispensable pour cette recherche de vérité qui nous anime tous". Ophélie Toulliou, soeur de Nicolas, un passager de l'avion, affirme ainsi à BFMTV qu'il est "important" pour elle d'entendre les alarmes, d'"être en condition" avec les pilotes.
"Le tribunal a décidé de faire droit à cette demande", a indiqué jeudi à l'ouverture de l'audience la présidente, précisant que la diffusion se ferait "à huis clos", c'est-à-dire sans presse ni public, et aurait lieu ce lundi, "après audition de l’expert prévu ce jour là".
Il apparaît que "les pilotes se sont retrouvés dans un environnement sonore saturé" et que l'écoute de leurs échanges sera donc "utile à la manifestation de la vérité pour prendre conscience de cette réalité", a-t-elle argumenté.
"Jusqu'au bout, il y a un dialogue qui se fait dans l'équipage, qui cherche à trouver ce qui lui arrive", avait indiqué mercredi l'un des experts chargés d'exploiter les boîtes noires de l'appareil.
Les personnes autorisées à assister à la diffusion (le ministère public, les avocats et les parties civiles) doivent éteindre leur téléphone portable et les placer "dans un sac individuel prévu à cet effet", pour "éviter toute divulgation ultérieure" de l'enregistrement, a-t-elle précisé.
L'écoute du CVR (cockpit voice recorder), soit l'enregistrement des voix des pilotes et des bruits dans le cockpit le jour de l'accident, est par ailleurs limité aux quatre dernières minutes avant le crash, "pour préserver la vie privée des pilotes".