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"J'ai eu peur de mourir": la femme qui accuse Tariq Ramadan de viol en Suisse livre son témoignage

Tariq Ramadan - Image d'illustration

Tariq Ramadan - Image d'illustration - AFP

Brigitte*, qui a déposé plainte contre l'essayiste en 2018, relate dans Libération la nuit de 2008 où elle dit avoir subi des violences de l'islamologue.

En pleine contre-offensive médiatique avec la sortie ce mercredi de son livre Devoir de vérité, Tariq Ramadan continue de nier les accusations qui le visent. Mis en examen en France pour des viols qu'il réfute, l'essayiste l'islamologue a été jusqu'à dénoncer un "traquenard" invité sur BFMTV-RMC, dénonçant des "menteuses" en évoquant les femmes qui l'accusent.

L'essayiste est également visé par deux plaintes, déposées aux Etats-Unis et en Suisse. Libération dévoile ce lundi le témoignage de Brigitte, la plaignante helvète, interrogée à la mi-juillet 2018 par la journaliste du quotidien.

"Il voulait que je le rejoigne dans sa chambre"

Les faits auraient eu lieu du 28 au 29 octobre 2008, dans un hôtel de la ville de Genève, en marge d'une conférence privée. La plaignante, la cinquantaine, pense retrouver Tariq Ramadan pour une réunion en petit comité.

"Il voulait que je le rejoigne dans sa chambre. Mais j’ai refusé. Je ne voyais pas l’intérêt de monter pour redescendre. Je pensais toujours que d’autres personnes se joindraient à nous", affirme-t-elle au quotidien.

Quelques minutes plus tard, selon son récit, tous deux se retrouvent dans la salle de petit-déjeuner de l'établissement, où l'islamologue demande à un employé de l'hôtel un fer et une table à repasser. Une stratégie, d'après Brigitte, pour la faire monter dans sa chambre.

"Nous continuions à discuter. C’était animé et je me suis retrouvée avec le fer à repasser dans les mains sans trop m’en rendre compte. Et puis nous avons pris ensemble l’ascenseur", assure-t-elle.

"J’étais terrifiée et paralysée"

C'est à ce moment-là que l'agression aurait eu lieu. 

Tariq Ramadan aurait "basculé sur le lit" Brigitte avant de tenter d'abuser d'elle. "Il me disait qu’il n’y avait que deux catégories de femmes qui refusaient d’embrasser: les prostituées et les espionnes. Il m’a alors redemandé si j’étais des RG. Je n’ai pas crié de peur qu’il me frappe. Il s’est mis à m’insulter. J’ai eu peur de mourir. J’étais terrifiée et paralysée", affirme-t-elle, toujours auprès de Libération

Elle dit n'être parvenue à quitter les lieux que le lendemain matin, aux alentours de 6h30. 

"Je suis une battante. Cela m’était déjà arrivé de me retrouver dans des circonstances difficiles. Mais là, j’ai compris que j’avais perdu. […] J’avais l’espoir qu’il s’endorme pour pouvoir m’enfuir. Mais il ne dort jamais. Il y avait des pauses et puis les violences redémarraient."

Un dépôt de plainte en 2018

S'en suit alors pour Brigitte plusieurs mois de doutes et d'angoisses. "Tu te refais le film. Tu te demandes pourquoi tu es montée, tu te dis que tu l’as peut-être un peu cherché…", se dit-elle. 

10 ans plus tard, le 13 avril 2018, Brigitte dépose plainte contre Tariq Ramadan. Pourquoi maintenant? Pour elle, le déclic a eu lieu après la première mise en examen du théologien. 

"C’était devenu une urgence quand j’ai compris qu’il n’arrêterait jamais. On pense qu’on a le choix. Mais finalement, on ne l’a pas. Cela devient insupportable de vivre avec ce secret. On devient complice du crime que l’on ne dénonce pas", conclut-elle. 

* Le prénom a été modifié.

Hugo Septier