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INFO BFMTV. "Il faut que j'aille me battre une dernière fois": lors de son procès, Frédéric Péchier "l'anesthésiste de Besançon" veut livrer "sa vérité"

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Quelques jours avant l'ouverture de son procès, le 8 septembre prochain à Besançon, l'ancien anesthésiste Frédéric Péchier - accusé de 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels - se confie à BFMTV.

L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier doit comparaître - libre - à partir du lundi 8 septembre devant la cour d'assises du Doubs pour répondre de 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels, alors qu'il exerçait entre 2008 et 2017 à la clinique Saint-Vincent et à la Polyclinique de Besançon. Un procès déjà qualifié de "hors normes": trois mois et demi d'audience, une soixantaine d'avocats, 156 parties civiles, 155 témoins et 15 experts vont se succéder à la barre. Celui qui comparaîtra libre, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Fréderic Péchier veut livrer "sa vérité"

Fréderic Péchier, dont la parole est rare, a toujours souhaité exercer son droit au silence tout au long de l'instruction, 8 ans de procédure. À moins de 10 jours de l'ouverture de son procès, il a accepté de livrer à BFMTV son état d'esprit, sa vérité et ses interrogations.

"Je ne suis pas particulièrement anxieux, mais ce n'est pas non plus une partie de plaisir", explique-t-il par téléphone au service police-justice de BFMTV.

156 parties civiles se sont constituées à ce stade: il dit "les comprendre". "On leur a donné un os à ronger en leur disant qu'elles avaient été empoisonnées alors que ce n'est pas vrai. Elles ont la certitude de cela, ça va être dur pour elles d'entendre la vérité et de refaire face à la clinique et aux médecins qui les ont endormies", déclare-t-il.

Avant d'ajouter: "Je comprends leur haine de moi parce qu'on leur a vendu une fausse affaire et je comprends qu'elles tiennent absolument à ce qu'il y ait cette explication d'empoisonnement."

Péchier : un réquisitoire accablant - 26/05
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Lors de son procès, Frédéric Péchier veut livrer sa "vérité" et affirme à BFMTV qu'elle va "sortir". "J'espère que la présidente du tribunal ne prononcera pas de huis clos, cela serait vraiment catastrophique", affirme-t-il.

L'ancien anesthésiste, âgé de 53 ans aujourd'hui, est décrit comme le "dénominateur commun" de tous ces événements indésirables graves (EIG), selon l'accusation. Cette dernière parle d'un "mobile pluriel", il aurait souhaité régler ses comptes personnels avec des collègues en polluant les poches d'hydratation ou de paracétamol de leurs patients.

"C'est une vie où j'ai tout perdu"

Va-t-il supporter ces trois mois et demi d'audience? En octobre 2021, Frédéric Péchier a tenté de mettre fin à ses jours en se défenestrant. Aujourd'hui, il affirme n'avoir aucun problème de santé. "Il faudra bien tenir" sur toute la longueur du procès, lance-t-il. "C'est comme une semaine de travail."

Placé sous contrôle judiciaire et n'ayant fait aucun jour de détention provisoire, Frédéric Péchier ne travaille plus depuis 2017. Il est divorcé, père de trois enfants et vit loin d'eux, dans la Vienne, près de Poitiers chez ses parents. Il ne bénéficie d'aucune source de revenus.

"C'est une vie où j'ai tout perdu, j'ai perdu mon mariage, j'ai perdu mon boulot, j'ai perdu mes amis (...) je n'ai pas vu grandir mon fils pendant son adolescence, cela fait des années. Je passe mon temps dans le dossier, à lire, à aider mes avocats et c'est tout, ce n'est plus possible!", s'exclame-t-il.

"Il faut que j'aille me battre une dernière fois, que cela se termine, je ne suis pas fatigué, je ne suis pas énervé, je veux que les gens écoutent pour une fois!", assure-t-il à BFMTV.

Est-ce que ses collègues ont pu lui en vouloir ou être jaloux de sa carrière? "Je ne dis pas ça, j'y ai pensé mais je ne sais pas trop. Je vais voir ce que vont dire mes collègues pendant les auditions", répond-il.

Frédéric Péchier nie tous les faits qui lui sont reprochés, il conteste les accusations d'empoisonnement. Pour l'ancien anesthésiste, le seul cas avéré d'empoisonnement est l'événement indésirable grave (EIG) de Jean-Claude Gandon, le 20 janvier 2017, dont il a été l'anesthésiste. "Il y a un problème avec l'histoire de Jean-Claude Gandon où manifestement des poches ont été polluées", consent-il.

Frédéric Péchier affirme à BFMTV de ne pas avoir "d'intime conviction" dans cette affaire dont il est le personnage principal. Un homme qui se dit "détruit" et qui reste, on le rappelle, présumé innocent. Sur l'après-procès, sa vie future? "Je ne sais pas trop, pour moi, c'est l'inconnu!", affirme-t-il.

Sera-t-il acquitté ou condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, c'est tout l'enjeu de ce procès considéré comme "sensible" par la Chancellerie et qui s'ouvre le 8 septembre prochain dans la salle historique du Parlement, au tribunal judiciaire de Besançon. Cette échéance judiciaire, Frédéric Péchier dit l'attendre avec "impatience".

Boris Kharlamoff avec Mathilde Lemaire