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"Il a levé son arme": présent lors de la fusillade en plein jour à Rennes, un élu témoigne d'une scène "irréelle"

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Un élu d'opposition à Rennes était dans le restaurant où une fusillade a éclaté ce jeudi 17 avril. Il raconte la scène sur BFMTV.

Charles Compagnon n’a pas dormi de la nuit. Cet élu d’opposition a été le témoin de la fusillade qui a fait quatre blessés sur la dalle Kennedy, dans le quartier de Villejean à Rennes, ce jeudi 17 avril. Une scène "effroyable" qu’il raconte sur BFMTV.

Ce jeudi, Charles Compagnon retrouve un collègue dans un petit restaurant du quartier de Villejean à Rennes. Le duo, qui attend une troisième personne pour le repas, s’installe à une table située à proximité de la porte d'entrée de l’établissement. Charles Compagnon et son collègue ne sont pas seuls dans la salle. Il y a notamment un père accompagné de sa fille de six ans.

Depuis sa chaise, Charles Compagnon observe les allées et venues dans le restaurant. Puis, "nous avons vu rentrer trois, quatre individus qui visiblement cherchaient à fuir une situation, à fuir quelqu’un", explique l’élu sur notre antenne. "Ça nous a un peu mis en alerte, mais on pensait assez trivialement qu’ils fuyaient quelqu'un qui cherchait peut-être à en découdre", poursuit Charles Compagnon.

"La sidération"

L’élu observe alors les alentours, l’établissement étant vitré. "Et j’ai vu, face à moi, arriver un homme déterminé avec une arme." Une longue arme de guerre noire, précise Charles Compagnon. "À ce moment-là, c’est la sidération", poursuit-il. Derrière Charles Compagnon, les trois personnes entrées un peu plus tôt dans le restaurant se mettent à paniquer. "Ils étaient juste derrière moi", insiste l’élu. L’homme, arme à la main, se présente à l’entrée de l’établissement "avec ses acolytes".

"À ce moment-là, il a levé son arme et mon collègue m’a tiré par la veste et on a plongé au sol", poursuit Charles Compagnon. "Les trois jeunes se sont levés derrière nous et on dit qu’ils n’avaient rien à voir", poursuit l’élu d’opposition. "C’est pas nous, c’est pas nous", lâche la bande. "Et à ce moment-là, ils leur ont tiré dessus", relate Charles Compagnon.

"Je ne dois mon salut qu’au réflexe de mon collègue qui m’a pris par la veste et qui m’a tiré au sol", confie-t-il encore très marqué par la fusillade.

Cette scène, Charles Compagnon la compare à un film du réalisateur Tarantino. "Il y a les tirs, on se jette au sol, on a mis les mains sur la tête en espérant ne pas prendre une balle", explique-t-il. Puis viennent les cris. "Il y avait cette petite fille de six ans, son papa recroquevillé sur elle pour faire rempart sur son corps", se remémore l’élu d’opposition. "Et puis on se relève, on regarde. On voit qu’on a rien."

Derrière lui, la situation est plus critique. "Il y a des jeunes qui ont commencé à dire qu’ils ont pris une balle", indique Charles Compagnon. À cet instant, personne ne sait dans le restaurant si les agresseurs sont partis, s’ils vont revenir.

"On a pris les victimes, on a pris la petite fille, on a mis tout le monde dans l’arrière-boutique. On a appelé les secours, on a porté les premiers secours aux victimes. Une jeune fille leur a fait un garrot et toujours dans cette angoisse de savoir s’ils allaient venir finir le travail", relate Charles Compagnon. Dans ce petit restaurant, les clients n’ont eu nulle part où se cacher. C’est une souricière. Il n’y a pas d'échappatoire. On n’a pas pu aller se cacher."

"La vie n'a plus de sens pour eux"

Cette scène "irréelle", la panique, le sang au sol, l’élu ne pensait jamais la vivre. "Ça fait cinq ans que j’alerte sur la situation à Rennes. Mais là, je ne pensais pas passer du statut de lanceur d’alerte au statut de victime", confie Charles Compagnon. "Quand j’ai vu le tireur arriver, sa détermination froide, son pas décidé… C’est effrayant, c’est terrifiant. La vie n’a plus de sens pour eux."

Le parquet de Rennes a ouvert une enquête pour "tentative de meurtre en bande organisée" après la fusillade. Selon les informations de BFMTV, l'hypothèse d'un règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants est privilégiée pour l'heure par les enquêteurs de la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), chargés des investigations. Le quartier de Villejean où se sont déroulés les faits est régulièrement le théâtre de fusillades liées au narcotrafic.

Thomas Girard et Boris Kharlamoff, avec Charlotte Lesage