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Fusillade à Grasse: peut-on mieux sécuriser les établissements scolaires?

Périmètre de sécurité aux abords du lycée Tocqueville de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, où a eu lieu une fusillade le 16 mars 2017.

Périmètre de sécurité aux abords du lycée Tocqueville de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, où a eu lieu une fusillade le 16 mars 2017. - Valery HACHE / AFP

Ce jeudi à 13h, un jeune homme de 16 ans a pénétré dans son lycée, à Grasse, lourdement armé et a notamment tiré sur le proviseur de l’établissement. Une dizaine de personnes ont été blessées. Un drame qui pose la question de la sécurisation des établissements scolaires en France, alors que l’état d’urgence est maintenu jusqu’au 15 juillet.

Les autorités redoutaient une attaque jihadiste contre une école. Jeudi, c'est un lycéen "fragile et fasciné par les armes", selon les mots de la ministre de l’Education nationale, qui a ouvert le feu dans le lycée Tocqueville de Grasse, dans les Alpes-Maritimes. Un événement rarissime en France qui a permis de tester les mesures de sécurité instaurées après les attentats qui ont ébranlé le pays en 2015 et 2016. Depuis, la sécurité des écoles a été renforcée, avec une nouvelle montée en puissance pour la rentrée 2016, après l'attaque de Nice.

Le plan de sécurisation des établissements consiste notamment à développer la culture de "gestion des risques" au sein des 64.000 établissements scolaires que compte la France : formation de cadres et de personnels de l'Education nationale dans des centres d'entraînement des forces de gendarmerie, recensement au sein de chaque académie de tous les numéros de portable des chefs d'établissement pour pouvoir transmettre des alertes, tenue de trois exercices annuels dont un simulant une intrusion en vue d'un attentat, formation aux gestes de premiers secours des élèves de troisième, etc. Des mesures qui semblent s’être montrées efficaces ce jeudi à Grasse, où "un drame a été évité", selon Eric Ciotti.

Le député Les Républicains des Alpes-Maritimes a ainsi souligné sur BFMTV le "comportement exemplaire des enseignants", et "l’intervention très rapide des policiers qui ont tout de suite neutralisé le tireur". "Il est clair que la préparation aux risques d'attentats prépare mieux les établissements" à des événements exceptionnels comme la fusillade dans un lycée de Grasse, a souligné Philippe Tournier, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement. Juliette Meadel, la secrétaire d’Etat chargée de l’Aide aux victimes, a, elle aussi, salué les résultats probants du plan de sécurisation des établissements, beaucoup plus efficace, selon elle, que l’installation de portiques de sécurité à l’entrée de tous les collèges et lycées.

Plusieurs élus réclament des portiques de sécurité

Peu de temps après la fusillade, le président LR de la région PACA, Christian Estrosi, s’est rendu sur les lieux. Il a notamment demandé à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, et au préfet d’organiser rapidement une réunion "pour déterminer comment ils envisagent de mettre les moyens humains pour garantir la sécurité des élèves dans chacun de nos établissements". Laurent Wauquiez avait quant à lui promis l’installation de portiques aux portes des lycées.

Une volonté "chimérique" selon Philippe Tournier, du syndicat des chefs d'établissement. "La simulation a été faite par nos collègues de Rhône-Alpes. Il faudrait quatre portiques par établissement, et donc quatre adultes mobilisés. Et même avec ce nombre, les élèves devraient arriver une heure à l'avance afin de tous passer avant le début des cours", a-t-il expliqué. "Un lycée, c'est l'équivalent de quatre Airbus 380 qui décollent en même temps...". Pour lui, "il n'est pas question de ne rien faire mais le risque zéro n'existera jamais et il faut un peu garder raison".

Mélanie Rostagnat avec AFP