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Police-Justice

Flaesh et Squarcini en garde à vue: la difficile reconversion des anciens grands flics

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Christian Flaesh et Bernard Squarcini sont soupçonnés d'avoir profité de leur position antérieure et de leur contacts acquis au fil du temps dans leurs nouvelles fonctions. Si la garde à vue de l'ex-patron de la PJ parisienne, a été levée, l'ancien directeur du renseignement, a passé sa seconde nuit à l'IGPN.

Deux anciens grands flics en garde à vue, rejoint rapidement par l'ancien préfet de police et actuel directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy... L'affaire a de quoi inquiéter mais surtout questionner. Quelle est la limite à ne pas franchir quand on a occupé une haute fonction dans la sécurité du pays? Existe-t-il un code de conduite à respecter pour les anciens flics?

Depuis deux jours, les hautes sphères du pouvoir sont ébranlées. Bernard Squarcini et Christian Flaesch ont été placés en garde à vue. Celle du premier a été prolongée. Le second a été relâché mardi soir mais devrait être convoqué ultérieurement devant un juge pour une éventuelle mise en examen. L'ex-patron du renseignement et l'ancien patron de la PJ parisienne sont soupçonnés, entre autre, de "trafic d'influence" et de "violation du secret professionnel".

"Domaine sensible"

En cause, un rapport révélé par Le Monde qui mettrait en lumière la manière dont Bernard Squarcini, proche de Nicolas Sarkozy, aurait mis à contribution ses contacts obtenus notamment à la DCRI (actuelle DGSI) dans ses activités privées qu'il occupe depuis 2013 au sein de plusieurs sociétés de conseils en sécurité. C'est notamment son ami de la police judiciaire parisienne qui l'aurait informé de l'avancée d'une enquête ouverte après le dépôt d'une plainte par LVMH. Des informations par la suite transmises à des cadres du groupe de luxe, client du "Squale".

"Le fait d’avoir occupé des fonctions importantes dans les différents ministères facilitent les contacts, ça permet aussi aux entreprises d’aller exprimer aux hautes autorités leurs besoins, leurs préoccupations", estime René-Georges Querry, ancien commissaire reconverti dans le privé. Pour lui, le fameux carnet d'adresses constitué au fil des ans et des rencontres doit être utilisé avec précaution. "C’est un domaine qui est sensible", avance l'ancien policier.

"Toute la question, c’est de savoir rester dans les limites de la légalité et de la déontologie et de ne pas se mettre en difficulté", analyse-t-il.

Un meilleur encadrement réclamé

Une limite, certes, mais quelle limite? Aucun texte ou aucune loi ne la définit. l'appréciation est donc laissée aux principaux intéressés, même si selon les syndicats policiers il existe bel et bien une ligne jaune à ne pas franchir. "Notre déontologie nous dit que nous ne pouvons pas utiliser les informations que nous avons à titre professionnel dans le cadre privé", assure Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI).

Et si ce dernier reconnaît que la frontière est fine, il réclame un meilleur encadrement. "On a le droit de nouer des connaissances, de nouer des amitiés mais on ne peut pas appeler des collègues ou des anciens collègues pour avoir des informations qui vont nous permettre soit d’obtenir des contrats, soit d’obtenir des facilités pour avoir des informations dans le métier de sécurité qu’on aura choisi", conclut Jean-Marc Bailleul.

J.C. avec Rym Bey, Abda Sall et Nicolas Behar